La France saisit l'Europe pour faire baisser les prescriptions de pilules de 3e et 4e génération

\"Il y a une surprescription des pilules de 3e génération\", a lancé ce vendredi Dominique Maraninchi, le directeur directeur général de l\'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) lors de la conférence de presse organisée par le Ministère de la Santé. En plein débat sur ces pilules, le gouvernement souhaitet rassurer les Françaises et les Français sur les risques thromboemboliques, mais au-delà, il souhaite agir pour limiter la prescription de ces médicaments. \"La pilule de 3e et 4e génération n\'apporte rien par rapport à celles de 2e et 3e génération\" a martelé Marisol Touraine, la ministre de la santé. Dès lors, pourquoi ne pas l\'interdire tout simplement ? Réponse de la ministre : \"dans quelques cas, la pilule de 1ère ou 2e génération n\'est pas supportée en raison de sa composition\". Des propos soutenus par Jean-Luc Harousseau, le Président de la Haute Autorité de Santé, également présent, qui a rappelé qu\' \"il n\'y a pas d\'intérêt suffisant pour que la solidarité nationale prenne en charge leur remboursement \".Action limitéeAu niveau national, la marge de maneuvre de l\'exécutif pour essayer de réduire le volume de ces prescriptions est limitée. En effet, l\'ANSM n\'est pas en mesure de modifier d\'elle-même les recommandations de prescriptions, cela doit passer par l\'instance européenne : l\'EMA (l\'agence européenne du médicament). Or, \"nous sommes coincés. Il n\'y a pratiquement qu\'en France que ces pilules sont massivement prescrites. Dans la majorité des autres pays, elles sont utilisées en deuxième ligne (...) Tout se joue au niveau européen\" explique le professeur Bernard Bégaud dans une interview publiée ce vendredi dans Libération.Au niveau national, la seule arme que peut employer les pouvoirs publics de façon indépendante est le déremboursement. C\'est chose faite. Mais le ministère de la Santé veut aller plus loin. Marisol Touraine a annoncé ce vendredi matin qu\'elle avait décidé de demander à l\'ANSM de saisir l\'EMA pour que les autorisations de mise sur le marché (AMM) des pilules contraceptives de 3e et 4e génération soient modifiées. La France est le premier pays à saisir les instances européennes sur ce point. L\'objectif est de faire inscrire dans les AMM le fait que ces pilules ne doivent être prescrites qu\'en seconde intention, dans le cas où d\'autres contraceptions ne conviendraient pas. Les autorités françaises espèrent ainsi agir sur le nombre de personnes qui utilisent ces pilules. Il n\'est pas certain que leur action au niveau européen soit suivie d\'effet car l\'EMA assure encore ce vendredi dans un communiqué que \"à l\'heure actuelle, l\'agence n\'a reçu aucune preuve d\'un Etat membre concernant des troubles emboliques veineux associés aux contraceptifs combinés\" (la pilule) et qu\' \"il n\'y a actuellement aucune nouvelle preuve qui suggérerait un changement dans le profil de sécurité connu des pilules combinées commercialisées\".Alerte par courrier dès 2007Par ailleurs, les laboratoires vont être rappelés à l\'ordre sur leur obligation légale de faire respecter les clauses de l\'AMM. Du côté des médecins, l\'ANSM a adressé aux prescripteurs une lettre le 21 décembre dans laquelle elle insiste sur la nécessité de privilégier les pilules de 1ère et 2e génération et qu\'il est recommandé \"d\'informer les femmes du risque de thrombose (...) et d\'effectuer un suivi clinique pour surveiller la tolérance au traitement contraceptif prescrit (...) en particulier au cours de la première année de prescription\".Les autorités n\'en sont pas à leur coup d\'essai quant à la sensibilisation des professionnels prescripteurs de pilule. En 2007 déjà, la Haute Autorité de Santé (HAS) leur avait recommandé de limiter la prescription des pilules de 3e génération en seconde intention. Une recommandation restée largement lettre morte.
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