Les exportations de blé français vers l'Égypte sur la sellette

Voilà plusieurs semaines que le blé français est en nette perte de vitesse à l'export. Le premier pays importateur au monde, l'Égypte, a en effet brusquement modifié, fin octobre, les conditions de ses appels. Le Gasc, l'office égyptien chargé des achats de céréales, souhaite acheter exclusivement des cargaisons supérieures à 60.000 tonnes, chargées en une fois et dont la qualité minimale, soit un taux de punaises inférieur à 1 %, sera vérifié par des délégués égyptiens. Problème?: le premier port céréalier français, Rouen, ne peut accueillir de bateaux de plus 40.000 tonnes en raison du faible tirant d'eau de la Seine. Jusqu'alors, les cargaisons des Handymax, des vraquiers utilisés dans le fret de céréales, étaient chargées à Rouen puis complétées à Dunkerque pour contourner cette question de profondeur. Mais l'Égypte veut désormais imposer les mêmes conditions à tous ses fournisseurs, après avoir rencontré des problèmes de qualité ? surtout sur des blés russes aux taux de punaises dissuasifs. Un changement de règles qui pose un sérieux problèmes aux céréaliers français. « Le blé chargé à Rouen est plus compétitif que La Rochelle, en raison de la proximité de la Beauce, la principale région productrice » explique Michel Portier, président de la société de conseil Agritel. Une partie du prix du blé est en effet liée à celui du transport entre le lieu de production et le port le plus proche, qui peut atteindre entre 10 et 20 euros par tonne de céréales, soit 8 à 15 % du prix de la marchandise. Le port de Rouen a reçu hier la visite de Nomani Nomani, vice-président du Gasc, ainsi qu'une délégation égyptienne, qui reste en France jusqu'à vendredi afin de « tenter d'assouplir la règle pour les cargaisons au départ de Rouen », selon une source rouennaise. Le port veut mettre en avant ses atouts, notamment une forte capacité de stockage (1,2 million de tonnes pour les céréales) dans de bonnes conditions sanitaires, ainsi qu'un blé compétitif par rapport au blé russe, qui pousse loin du port de Novorossisk, le seul port céréalier du pays qui accueille les bateaux de 60.000 tonnes. Le port de Rouen devrait par ailleurs lancer cette année des travaux d'aménagement du canal Rouen-Honfleur, afin d'améliorer le tirant d'eau grâce au dragage. Un investissement qui devrait permettre aux bateaux de 55.000 tonnes d'atteindre Rouen. Mais le processus sera long. Pour 2010, l'objectif est de commencer par enlever les épaves du canal?; le tirant d'eau sera augmenté d'un mètre, pour atteindre 11,30 mètres à partir de 2015.
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