SAP défie Oracle

SAP reprend l'offensive. Mercredi soir, le groupe allemand de logiciels a annoncé l'acquisition du groupe californien Sybase. L'opération, qui a reçu l'aval du conseil d'administration de la société cible, est évaluée à 5,8 milliards de dollars, soit pas moins de 4,6 milliards d'euros. SAP paiera intégralement en numéraire 65 dollars par action, soit une prime de 56 % par rapport au prix de l'action Sybase avant l'annonce de l'OPA. C'est la plus grosse acquisition du groupe allemand depuis le rachat de Business Objects en 2007. La nouvelle direction de SAP n'a donc pas tardé à reprendre la main et à prouver sa volonté de changement stratégique. Le duo Bill McDermott et Jim Hagemann Snabe, qui a remplacé en février Leo Apotheker à la tête du groupe, montre ainsi clairement sa volonté de défier le numéro un mondial du logiciel d'entreprise, l'américain Oracle. Sybase est un concurrent direct d'Oracle dans le domaine des bases de données. Son rachat est aussi une réponse directe à la volonté d'Oracle de s'imposer ces derniers temps sur le marché traditionnel de SAP, les applications d'entreprises. Mais Sybase présente également un autre intérêt pour le groupe allemand : celui d'être spécialisé dans le marché en forte expansion des applications mobiles. « Avec cette acquisition, nous ouvrons le champ de nos produits à des centaines de millions d'utilisateurs mobiles », a justifié jeudi Jim Hagemann Snabe.CirconspectionL'ambition est donc de retrouver la croissance. En 2009, le groupe allemand avait subi un recul de 28 % de son chiffre d'affaires dans les logiciels et de 8 % au total, ainsi qu'une baisse de 4 % de son résultat net. En revanche, Sybase a conclu l'année passée sur un troisième chiffre d'affaires annuel record de suite à 1,17 milliard de dollars, soit 3,5 % de plus qu'en 2008 et prévoit une hausse de 5 % cette année. Son résultat opérationnel a progressé l'an passé de 38 % à 290 millions de dollars.L'annonce de cette opération a cependant été accueillie avec circonspection. Certes, l'acquisition semble financièrement ne poser aucun problème à SAP qui disposait fin 2009 de 1,8 milliard d'euros de trésorerie et qui a levé ces derniers temps des fonds sur les marchés. « Le financement est assuré et devrait se faire à bon marché », résume dans une note les analystes de Exane BNP Paribas. Par ailleurs, aucun expert ne discute l'intérêt de l'opération et tous saluent la volonté de croissance de la nouvelle direction. Mais le montant de l'opération inquiète. Chez UBS, par exemple, on estime que ce rachat est « cher ». Probable contre-offreAutrement dit, SAP devra se montrer particulièrement efficace dans le processus d'intégration de Sybase afin de tirer le meilleur parti de ce rachat. Beaucoup d'analystes et d'investisseurs préféraient donc hier se montrer prudent. Du coup, jeudi, l'action SAP a accusé un recul de 1,7 % à 35,63 euros. D'autant que l'opération ne sera finalisée qu'au cours du troisième trimestre et que, d'ici là, une contre-offre pourrait se présenter. R. G., à Francfort
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