Nouvelle polémique sur le modèle allemand

Selon l’institut munichois Ifo, l’Allemagne pourrait cette année afficher l’excédent des transactions courantes le plus élevé du monde à 170 milliards d’euros, soit 210 milliards de dollars. La république fédérale passerait ainsi devant la Chine. Si ce calcul révélé par le Financial Times Deutschland se révélait exact, cet excédent dépasserait le niveau de 6 % du PIB au-delà duquel l’Union européenne estime qu’il devient nuisible à « la stabilité financière ». Selon l’Ifo, la Commission de Bruxelles pourrait entamer l’an prochain une procédure contre l’Allemagne.« Balle dans le pied »Pour le moment, à Bruxelles, on affirme pourtant s’en tenir à l’actuelle projection qui table sur un excédent de 4,75 % du PIB. Mais cette information a relancé le débat autour de la trop grande dépendance de l’économie allemande à la demande extérieure et de sa trop faible demande intérieure. Dans le même Financial Times Deustchland, économiste à l’UNCTAD, l’organisation des nations unies pour le commerce et le développement, a estimé qu’en augmentant ainsi sans cesse son excédent « l’Allemagne se tire une balle dans le pied ». Et d’ajouter : « la demande intérieure allemande est trop faible ». C’est déjà ce que, en 2010, Christine Lagarde, alors ministre française de l’Economie, avait sous-entendu au grand dam de la classe politique d\'outre-Rhin.Aux origines de la crise européenneLes critiques du modèle allemand estime que, par sa faible demande intérieure, la République fédérale ne fait pas assez profiter de sa croissance ses fournisseurs tout en glanant, par ses exportations, l’argent des marchés extérieurs. Ceci créerait alors un déséquilibre au sein de l’Europe qui aurait mené en partie à la crise de la dette puisque les autres pays ne pouvant pénétrer sur le marché allemand en raison de la faible demande, ni gagner à l’étranger des marchés face aux entreprises allemandes doivent développer leur consommation par les salaires et l’argent public pour soutenir leur croissance. Du coup, leur compétitivité en pâtit et l’écart se creuse entre l’Allemagne et ses partenaires, conduisant ses derniers à s’endetter toujours plus.Défense de l’excédentA Berlin, on ne voit pas la situation de cette façon. Le gouvernement fédéral ne voit dans les excédents de son pays qu’un signe de plus de la compétitivité allemande et une raison de plus pour les autres de les imiter… De surcroît, on compte beaucoup, grâce à une hausse des revenus et à une baisse du chômage sur la demande intérieure, notamment la consommation, pour soutenir la croissance en 2012. Ce phénomène est en cours depuis 2010 et en 2011, la croissance allemande s’est surtout expliquée par la demande intérieure. Mais le processus est lent et le ralentissement économique a amené, comme on l’a vu encore en juin, à un recul plus rapide des importations que des exportations, autrement dit à une nouvelle augmentation de l’excédent, alors que la consommation et les investissements font plutôt grise mine.L’institut IW de Cologne, proche du patronat, estime cependant que l’excédent courant est essentiel à l’Allemagne pour financer les défis du vieillissement accéléré de sa population. Mais ce nouveau record devrait une nouvelle fois relancer le débat sur la responsabilité allemande dans la crise européenne, alors que des pays comme l’Italie réclame une intervention sur les marchés. 
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