Les syndicats rendus fébriles par la réforme de la représentativité

SocialIl n'aura donc fallu que quelques mois pour que la réforme de la représentativité provoque un miniséisme dans le paysage syndical. Depuis la rentrée, la loi instaurant un seuil de 10 % des voix recueillies aux élections dans les entreprises, pour continuer à exister, fait régner une intense fébrilité sur le terrain et dans les couloirs des confédérations.Paradoxalement, la centrale la plus déstabilisée est la CFE-CGC qui avait pourtant obtenu un statut spécifique facilitant le maintien de sa représentativité dans l'encadrement. Depuis des mois, s'y déchirent les partisans d'une CGC généraliste et d'une alliance avec l'Unsa ? au premier rang duquel figure l'actuel président Bernard Van Craeynest (« BVC ») ? et les défenseurs d'un syndicat catégoriel, parmi lesquels la Fédération de la métallurgie. Mises en sourdine depuis l'abandon en mars de la fusion avec l'Unsa, les querelles internes ont repris de plus belle au c?ur de l'été lorsque BVC a annoncé qu'il briguerait, en février, un second mandat et qu'il ne renonçait pas à son projet d'une CGC généraliste. La confédération pourrait bien jouer son avenir demain lorsque BVC viendra devant les responsables de la fédération des métallos, dont il est issu, pour obtenir leur soutien en vue du congrès. Les tensions sont telles qu'en cas de refus, l'implosion apparaît comme le scénario le plus probable.inquiétudeAu vu des premiers résultats des élections professionnelles dans les entreprises, l'inquiétude gagne aussi la CFTC et Force ouvrière. Les deux syndicats sont en train de perdre mandats et moyens sur le terrain, comme à la SNCF, où ni la CFTC (5,4 %), ni FO (8 %) n'ont franchi, en mars dernier, le seuil fatidique des 10 %. Bousculés par les nouveaux entrants que sont Solidaires et l'Unsa, irrités de l'alliance des « gros » (CGT et CFDT) sur la réforme de la représentativité, Jacques Voisin (CFTC) et Jean-Claude Mailly (FO) ont décidé de marquer leur différence. Les deux organisations ont snobé, mardi dernier, la première réunion de l'intersyndicale depuis l'été.Plus sereines, la CGT et la CFDT ne sont pas pour autant épargnées par la réforme. D'abord parce qu'elles sont, elles aussi, menacées dans certaines entreprises, par exemple la CFDT chez Airbus. Ensuite, parce qu'en fixant à 30 % des voix le seuil de validité des accords, la loi place la CGT dans une position délicate en l'obligeant à faire connaître son choix là où, hier, elle s'abstenait. Dans ces conditions, les discussions qui s'ouvrent demain avec le patronat pour étendre aux TPE l'esprit, sinon la forme, de ces nouvelles règles risquent fort de faire un flop. Agnès Laurent
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