Les équipementiers à couteaux tirés pour décrocher le contrat Free Mobile

Rarement un contrat français aura suscité autant de bagarre entre les plus grands équipementiers en télécoms mondiaux. Présélectionnés par Iliad pour déployer son futur réseau de téléphonie mobile 3G, les européens Ericsson, Alcatel-Lucent et Nokia Siemens Networks (NSN) ainsi que le chinois Huawei jouent du coude pour tenter de décrocher la plus grande part du contrat. « Ce marché est crucial pour l'avenir de nos équipes en France », souffle le cadre d'un des quatre équipementiers, sur les nerfs depuis le lancement officiel l'été dernier de l'appel à candidatures pour la quatrième licence de téléphonie mobile.Le montant du contrat, pour la seule vente des équipements (routeurs, antennes?), n'est pas extraordinaire. Entre 200 millions et 250 millions d'euros, selon plusieurs sources, en fonction du nombre de stations déployées par Free Mobile et des évolutions à venir du réseau. Rien, comparé aux milliards d'euros de chiffre d'affaires des quatre groupes. Mais le client bénéficie d'une forte notoriété et le nom de Free est synonyme d'innovation technologique. D'où l'intérêt d'être associé à la marque. Le déploiement d'un réseau de téléphonie mobile ne se présente par tous les jours.Pas question donc de manquer l'occasion d'entrer chez un nouveau client censé devenir rentable en quelques années d'exploitation. Quitte à faire d'énormes sacrifices financiers. Selon plusieurs sources, les trois équipementiers européens auraient été plus encore agressifs que le chinois Huawei dont les pratiques tarifaires sont pourtant connues pour être convaincantes.« cheval de Troie » chinoisDeux éléments expliqueraient le « retrait » relatif de Huawei. D'une part, alors que plusieurs concurrents de Free ont publiquement, et en coulisses, alerté les pouvoirs publics ces derniers mois pour les mettre en garde contre le risque que Free Mobile serve de « cheval de Troie » au groupe chinois pour entrer sur le marché français, Huawei estimait que sa présence constituait un handicap pour Free. Or, le chinois est l'un des principaux fournisseurs de Free dans l'ADSL et devait donc préserver ses relations commerciales avec l'opérateur. Ensuite, après avoir gagné fin 2009 deux contrats, ses premiers en France dans le mobile 3G, avec SFR et Bouygues Telecom qui agitaient justement le drapeau de la menace chinoise, Huawei était moins dans l'obligation de remporter le réseau de Free Mobile. « Cela serait industriellement risqué pour l'opérateur de faire appel à Huawei alors que celui-ci sera très occupé par ces deux autres contrats », explique un bon connaisseur des télécoms.Les équipementiers européens restent sur leurs gardes. « Huawei a déjà montré dans le passé qu'il est capable de faire tapis au dernier moment pour renverser la partie », prévient le cadre d'un équipementier. Selon lui, les opérateurs savent très bien jouer de la « menace » Huawei pour obtenir d'importants efforts tarifaires. Free Mobile devrait choisir ses fournisseurs d'ici à la fin du premier trimestre. La partie n'est pas encore finie.
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