Soixante-six millions de spectateurs pour le cinéma français, dans les salles étrangères en 2009 : c'est un fort recul par rapport à 2008 et ses 84,2 millions d'entrées. Mais Unifrance, qui présente ce vendredi le bilan annuel du cinéma français à l'étranger, dans le cadre des 12e Rendez-vous qu'il organise (lire ci-dessous), nuance ce constat. 2008 était l'année record de la décennie, tirée par les succès de « Transporteur 3 », « Babylon AD », et « Astérix aux Jeux olympiques », qui à eux seuls représentaient 40 millions d'entrées dans le monde entier. Et les résultats 2009 restent au-dessus de la moyenne de la décennie (62 millions), même si l'absence de films à fort potentiel international a fait baisser les entrées globales.succès d'EuropaCorpLe bilan 2009 confirme aussi une tendance observée depuis plusieurs années : la réussite internationale de la société EuropaCorp de Luc Besson. « Taken » sorti en 2008 et 2009 dans le monde, a déjà été vu par 31,3 millions de spectateurs, le record absolu de la décennie, loin devant « Amélie Poulain » (23 millions) et sur les traces du « Cinquième Élément » (35 millions), de Luc Besson encore, sorti dans la décennie précédente et record de tous les temps. C'est aux États-Unis, qui restent le premier marché d'exportation du cinéma français, que « Taken » a le mieux marché : il s'est installé en tête du box-office américain le week end de sa sortie en janvier 2009 et a drainé 20 des 24 millions de spectateurs américains du cinéma français en 2009 !Et au top 10 de l'année 2009, c'est un autre film EuropaCorp, « Transporteur 3 », avec 7,3 millions d'entrées qui prend la deuxième place. Au total, avec 30 % à 34 % des entrées du cinéma français à l'étranger selon les années, EuropaCorp confirme sa capacité à créer des succès internationaux, qui, même s'ils sont tournés en langue anglaise, sont des productions françaises.Le premier film en langue française, « Coco avant Chanel », arrive loin derrière, avec 5,3 millions d'entrées. Avec Audrey Tautou à l'affiche (qui fut Amélie), et le mot Chanel dans son titre, son succès surfe sur des symboles très français. Globalement, les films en langue française ont vu leurs entrées chuter davantage en 2009 que la totalité de la production française. Mais ce n'est pas cette dichotomie entre deux cinématographies nationales qui inquiète Éric Lagesse, président de l'Association des exportateursde films français, et patron de la société de distribution Pyramide, qui a très bien vendu dans le monde le film « Partir ». À côté de « Coco », des films comme « Entre les murs », a priori peu formatés pour le marché mondial, « trouvent toujours une place », remarque-t-il. « Entre les murs », aidé par sa palme d'or à Cannes, a réalisé en 2009 1,6 million d'entrées à l'étranger, tandis que « Bienvenue chez les Ch'tis », a ajouté l'an dernier 1,6 million de spectateurs aux plus de 4 millions de 2008. Sept des films en français du top 10 d'Unifrance ont rassemblé plus de spectateurs hors de nos frontières que sur le territoire français.Pour Éric Lagesse, le cinéma français reste puissant. Et, crise ou pas, les distributeurs ont besoin de films pour alimenter leurs salles. En revanche, c'est sur les prix que la crise s'est ressentie pour les marchés du film et il pressent une année 2010 encore difficile.

latribune.fr

14 Jan 2010, 22:59

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