Bouygues Telecom pourra diffuser de la 4G à partir d'octobre

« Habemus 1800 » a tweeté Olivier Roussat, le directeur général de Bouygues Telecom, en clin d\'œil à la récente élection du pape. Il y avait peu de doutes que le régulateur des télécoms, l\'Arcep, n\'autorise pas Bouygues Telecom à réutiliser ses fréquences GSM dans la bande 1800 Mhz pour faire de la 4G : le président de la République lui-même avait évoqué le mois dernier à Clermont-Ferrand des redevances sur cette réutilisation qui contribueront au financement du déploiement de la fibre optique. Seule la date restait à trancher : ce sera donc au 1er octobre (lire le communiqué de l\'Arcep). Bouygues Telecom, qui en avait fait la demande formelle en juillet, espérait le plus tôt possible, « au 1er mars » même selon Martin Bouygues ; ses concurrents, Orange et SFR, qui menacent d\'attaquer la décision, le plus tard possible. Mais comme l\'a révélé La Tribune il y a deux semaines, pour ne contenter aucun et les mécontenter tous, la date de ce « refarming » selon le jargon consacré, devait se situer « à l\'automne, en septembre ou en octobre. »Rééquilibrage de fréquences en faveur de Free Mobile dès octobre Il reste au gouvernement à fixer définitivement par décret le prix, qui devrait être de l\'ordre de 200 millions d\'euros par an, soit 64 millions d\'euros par opérateur comme l\'a indiqué la ministre déléguée à l\'Economie numérique, Fleur Pellerin, dans une récente interview. Cette autorisation n\'est pas donnée sans condition : Bouygues devra restituer une partie de ses fréquences, car l\'Arcep va procéder à un rééquilibrage de la répartition des fréquences, « pour que soient respectés le principe d\'égalité entre opérateurs et les conditions d\'une concurrence effective », en particulier pour en attribuer au petit dernier, Free Mobile. « S\'il en fait la demande », Free pourra récupérer dès octobre de premiers blocs de fréquences en 1800 Mhz (5 MHz hors des zones très denses, où se situent par exemple des villes comme Bordeaux et Nantes, et 2,8 MHz dans les zones très denses), puis au total 15Mhz en mai 2016. Free, qui avait déclaré qu\'une autorisation trop précoce risquait d\'entraîner 2.500 suppressions d\'emploi, semble finalement assez content de la décision, qui rend au contraire furieux ses autres concurrents.« Un chemin de traverse dans la course à la 4G » selon Orange En effet, Orange et SFR font grise mine et menacent clairement d\'attaquer en justice cette décision, devant le Conseil d\'Etat. Ainsi Orange « regrette cette décision » qui va créer « un nouveau choc » sur le marché et permettra « à un seul acteur de prendre un \"chemin de traverse\" dans la course au déploiement des services 4G. » L\'opérateur historique, qui a 27,2 millions de clients mobiles contre 11,2 millions pour Bouygues, écoule encore beaucoup de trafic 2G avec ses fréquences, en partie pour les clients Free Mobile, et ne peut envisager de les réutiliser tout de suite en 4G ; idem pour SFR, qui compte 20,7 millions de clients mobiles, dans une moindre mesure. En outre, la particularité de Bouygues Telecom est de posséder un réseau « natif » en 1800 Mhz : à son lancement, il n\'a pas construit son réseau avec des fréquences 900 Mhz comme Orange et SFR, ce qui l\'a obligé à le densifier davantage, puisque ces fréquences sont plus hautes. Mais aujourd\'hui, son réseau est configuré idéalement pour basculer directement en 4G, d\'une simple mise à jour logicielle, quand les autres opérateurs doivent continuer à demander de nouvelles autorisations d\'implantations d\'antennes, toujours très difficiles à obtenir. Voilà pourquoi « Orange envisage de contester un tel « refarming » s\'il était formalisé au profit de Bouygues Telecom. » De son côté, SFR s\'interroge « sur l\'existence d\'une rupture de l\'égalité entre opérateurs si cette décision venait à être mise en œuvre », estimant qu\'elle « modifie substantiellement le cadre concurrentiel et économique dans lequel nous nous inscrivions » lors des enchères pour les fréquences 4G, qui ont permis à l\'Etat de récolter 3,6 milliards d\'euros. L\'opérateur précise qu\'il pourrait « être amené à faire valoir ses droits. »L\'iPhone 5 en 4G, un avantage de courte duréePas d\'euphorie chez Bouygues Telecom, qui a « pris connaissance avec intérêt » de la réponse de l\'Arcep et indiquera « dans les prochains jours » s\'il maintient sa demande, tout en « prenant acte » de la condition (attendue) de restitution de fréquences. Profil bas pour ne pas agacer davantage les concurrents et ne pas prêter le flanc à la critique, alors que des contentieux semblent inévitables. C\'est décidément une semaine pleine de bonnes surprises pour Martin Bouygues, après l\'avis de l\'Autorité de la Concurrence conseillant de limiter dans le temps l\'itinérance de Free Mobile sur le réseau d\'Orange. Mais le patron du groupe diversifié a dénoncé « le prix énorme » demandé par l\'Etat pour réutiliser cette bande de 1800 Mhz. Pour autant, Bouygues ne changera pas d\'avis et paiera bien la redevance demandée. L\'Arcep a estimé que les arguments des concurrents contre ce feu vert n\'étaient pas justifiés, en particulier sur l\'impact en termes d\'emploi (5.000 emplois menacés dans l\'écosystème SFR) ou de distorsion concurrentielle. En particulier sur le sujet de l\'iPhone 5, qui ne peut fonctionner en 4G que sur des fréquences 1800 Mhz. Bouygues Telecom sera donc le seul opérateur à pouvoir proposer l\'iPhone 5 en 4G en France. Le régulateur des télécoms souligne qu\'Apple devrait sans doute sortir un autre modèle d\'ici là et que les opérateurs proposent d\'autres smartphones 4G. En outre, l\'Arcep relève que le décollage de la 4G est progressif : par exemple, au Royaume-Uni, la filiale d\'Orange, EE, seule à commercialiser la 4G pour l\'instant, n\'a pas amélioré sa conquête de clients par rapport à l\'année précédente (lire la décision page 21).  
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