La France s'apprête à vivre de nouvelles années de croissance molle

L'OCDE l'a précisé en début de semaine, la sortie de crise de l'économie française est désormais actée. Le retour dans le vert de quelques indicateurs comme la production industrielle, les anticipations d'investissement des entreprises auxquels on peut ajouter la résistance de la consommation des ménages, l'attestent.Fort de ces signaux, le gouvernement s'est autorisé à bâtir son budget en misant sur une progression du PIB de 2 %, après + 1,5 % en 2010. En 2011, elle devrait très légèrement accélérer, mais à un rythme moins élevée que prévu (+ 2,25 %, contre 2,5 % prévu initialement). Dans un entretien accordé aux « Échos », Christine Lagarde justifie cette révision par une moindre reprise de la demande mondiale adressée à la France, dans un contexte international marqué par la flambée des cours du pétrole et des matières premières. L'activité devrait ensuite afficher une hausse de 2,5 % en 2013 et en 2014, année au cours de laquelle la France aura réussi à abaisser le niveau de son déficit public à 2 % du PIB et celui des dépenses publiques à 52,8 % du PIB selon le programme de stabilité et de croissance remis ce jeudi par Bercy au Parlement. Il sera transmit début mai à la Commission européenne.ScepticismeMême si on peut douter de la qualité des anticipations à quatre ans, le climat d'incertitudes macroéconomiques obligeant Bercy à réviser régulièrement ses prévisions annuelles, ces estimations officielles sont assez satisfaisantes. On signerait des deux mains n'importe quel contrat pour qu'elles se réalisent. Malheureusement, les économistes, notamment ceux de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) n'y croient pas. Parmi les nombreuses raisons à ce scepticisme, on peut avancer la morosité de la conjoncture européenne, morosité qui s'explique en grande partie par la mise en place de politiques restrictives chez nos voisins pour effacer l'ardoise laissée par la crise sur leurs finances publiques.Selon l'OFCE, la croissance en zone euro s'élèverait à 1,4 % et 1,5 % en 2011 et 2012, l'Allemagne qui affichera un PIB en hausse de 2,6 % et 1,8 % faisant figure d'exception. De fait, parce que la zone euro concentre les deux tiers de nos échanges commerciaux, parce que le niveau élevé de l'euro pèse sur la compétitivité des prix de nos exportations hors de cette zone, le commerce extérieur ne pourra pas tirer la croissance.L'investissement ne devrait pas prendre le relais. « Les entreprises n'ont pas achevé l'ajustement de leurs capacités de production. Donc, l'investissement n'a pas de raison de décoller d'autant plus que les conditions de financement sont toujours difficiles et que l'autofinancement reste faible (voir graphique). Des difficultés persistantes d'accès au crédit relevées par le dernier baromètre KPMG-CGPME : 70 % des dirigeants de PME déclarent ressentir au moins une mesure de durcissement (frais plus élevés, montants accordés moindres que désirés...) de la part de leur banque (contre 64 % en décembre 2010). Si les industriels s'illustrent par leur optimisme, anticipant un bond de 14 % de leurs investissements cette année selon la récente enquête de l'Insee, l'OFCE est plus mesuré, tablant sur une hausse de celui-ci de 2,3 % cette année et de 2,6 % en 2012. Reste la consommation des ménages pour sauver le soldat France. Au regard des tensions inflationnistes (« La Tribune » du 13 avril), du maintien à un niveau élevé du taux de chômage en raison notamment des insuffisantes créations d'emplois (+ 65.000 et + 92.000 en 2011 et 2012 selon l'OFCE), « celle-ci ne devrait donc pas être un soutien vigoureux de l'activité au cours des prochains trimestres », anticipe l'OFCE.
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