L'économiste Christian Saint-Étienne persévère. Auteur d'un rapport en 2005, préconisant une réforme fiscale favorisant la compétitivité de l'économie française, qui a inspiré Dominique de Villepin, il développe aujourd'hui sa réflexion, l'élargissant à une stratégie globale pour les finances publiques. Il explique pourquoi, à ses yeux, une augmentation de la CSG est nécessaire, ainsi qu'une baisse du taux maximal de l'impôt sur le revenu et de la taxation des bénéfices des sociétés, de manière à renforcer l'investissement des entreprises. Défendant l'équité de la réforme globale qu'il suggère, Christian Saint-Étienne s'oppose frontalement aux propositions de Thomas Piketty, publiées fin janvier, qui ont inspiré le PS et Marine Le Pen. Certes, tous deux se déclarent favorables à la suppression des niches fiscales, proposition qui fait largement consensus. Mais Christian Saint-Étienne dénonce la négation de la concurrence fiscale en Europe par Piketty, qui ne voit aucun obstacle à la hausse de l'impôt sur le patrimoine. Les propositions développées dans cet ouvrage permettent au contraire de jouer le jeu de cette concurrence, et d'en sortir gagnant, affirme son auteur. En outre, alors que Saint-Étienne préconise une hausse de la TVA pour financer la protection sociale, Piketty s'oppose à toute augmentation de cet impôt qui « frappe d'abord les pauvres ».On trouvera donc là des propositions susceptibles d'être reprises plutôt à droite, au contraire de celles de Piketty. Les deux approches ont pourtant en commun un certain systématisme, une approche modélisatrice de la fiscalité, surtout théorique, et dont l'application pratique passerait par un grand soir fiscal, dont on sait qu'il n'adviendra pas de sitôt : les hommes de pouvoir ne sont pas suffisamment suicidaires. De quoi inspirer des politiques, mais avec le recul suffisant. I. B.

latribune.fr

14 Avr 2011, 21:25

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