Embauches à prix cassés

A priori, ce devrait être une bonne nouvelle. General Motors, Ford et Chrysler, les trois constructeurs automobiles que les médias américains rebaptisent désormais les « Detroit Three » (et non plus les « Big Three »), devraient embaucher 35.000 salariés dans l'État du Michigan d'ici à 2015. C'est du moins ce qu'assure le chef économiste du Center for Automotive Research, une société d'études spécialiste de l'automobile. Pourtant, la prévision laisse un goût un peu amer. D'abord, parce que ces recrutements seront loin de compenser les 230.000 emplois supprimés par ces mêmes constructeurs entre 2000 et 2009. Et, surtout, parce qu'ils seront faits à des salaires très inférieurs à ceux pratiqués voilà encore trois ou quatre ans dans le secteur. Avec ces embauches, GM devrait en effet pouvoir ramener la charge salariale de ses ouvriers de 58 dollars de l'heure en moyenne aujourd'hui sur ses sites américains à 48 dollars en 2015. Certes, le groupe a frôlé la faillite et il ne fait là que s'aligner avec le tarif offert par ses rivaux japonais (hors Toyota) dans leurs usines américaines. Et il reste très au-delà de ceux appliqués dans ses unités de production chinoises. Il n'empêche. À l'heure où la flambée du pétrole et des produits alimentaires laisse entrevoir un fort rebond de l'inflation, ce reflux des salaires ne peut qu'inquiéter. Les chantres d'une mondialisation heureuse prédisent depuis des années un alignement progressif des salaires entre pays développés et contrées émergentes. Le mouvement est en cours effectivement, comme le montre l'automobile américaine. Mais peut-être pas tout à fait dans le sens qui était souhaité... [email protected]
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