l'utopie du familistère entre au musée

Dix millions de briques rouges. 30.000 m2 de surfaces de plancher. 500 fenêtres. Le Familistère de Guise (Aisne), la seule expérience de phalanstère qui ait réellement fonctionné, reprend vie après un important travail de rénovation. Ce lieu unique, transformé en musée, offre une plongée dans le passé... et dans l'avenir.Et pour cela, il faut remonter à l'année 1880. Quelque 1.400 employés de l'usine Godin (fabrique de poêles en fonte) et leur famille habitent un immense édifice surnommé le « Palais social ». Ses plans s'inspirent du château de Versailles. Et il offre des conditions de confort inédites pour l'époque : vastes appartements, chauffage, eau courante à l'étage, crèche, théâtre et... piscine. Ce que Jean-Baptiste André Godin, un génial et richissime entrepreneur autodidacte, appelait « des équivalents de la richesse ».Mais Godin ne s'arrête pas là. Apôtre, avant l'heure, de l'idée de participation, il crée l'Association du capital et du travail. Et transforme l'entreprise dont il était l'actionnaire principal en coopérative de production en transférant l'ensemble des actions au personnel. Ce système a survécu jusqu'en 1968 où l'association est liquidée. L'entreprise est rachetée, les logements du Familistère vendus. Lentement le Palais social périclite.appartements témoinsHeureusement, depuis 2000, un syndicat mixte réunissant la commune de Guise et le conseil général de l'Aisne a lancé un programme de restauration pour réhabiliter l'ensemble des bâtiments. 70 logements seront bientôt disponibles. Un hôtel verra le jour. Le tout forme un musée. Quel choc en entrant dans le magnifique hall du pavillon central, surplombé par trois étages de coursives-balcons sur lesquelles s'ouvraient les appartements. Quelle émotion en suivant le parcours muséographique : on visite des appartements témoins, on découvre la production des usines, on s'initie au fonctionnement complexe de l'association qui géra le Familistère. Et on reste pantois devant la modernité de ce bâtiment qui a inspiré tous les architectes préoccupés par l'habitat social, dont Le Corbusier.Mais le Familistère ne se veut pas seulement le témoignage d'un passé révolu. Il se donne aussi pour vocation, d'être un centre d'échange sur l'avenir. « Nous allons en faire un lieu de réflexion sur la politique de la ville, de l'urbanisme et des transports qui doit être totalement repensée », explique Jean-Pierre Balligand, député PS de l'Aisne et président du syndicat mixte. De quoi donner raison à Godin : « Le Familistère vivra. L'idée qui y a donné naissance est impérissable, elle vivra autant que le monde. » nwww.familistere.com
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