BP, plus international que britannique

La pression politique est en grande partie retombée en Grande-Bretagne. Alors que, début juin, une campagne y avait été menée pour défendre BP contre la rhétorique jugée « anti-britannique » de Barack Obama, le milieu politique britannique affiche désormais un relatif silence sur le sujet. L'accord le mois dernier entre BP et la Maison-Blanche, forçant la compagnie pétrolière à créer un fonds de 20 milliards de dollars de compensation aux victimes, a permis de calmer les esprits. La rencontre lors du récent G20 au Canada entre les dirigeants américain et britannique, Barack Obama et David Cameron, a aussi permis de limiter la tension.De plus, l'opinion britannique n'est guère tolérante vis-à-vis d'une entreprise certes importante, mais qui cause actuellement la pire marée noire de l'histoire américaine. Si BP reste surveillée de très près, que ce soit à la City ou à Westminster, le soutien limité dont elle bénéficie en Grande-Bretagne vient rappeler que l'entreprise n'est pas vraiment britannique.Même son histoire ne l'est guère?: BP a débuté en 1908 quand l'explorateur George Reynolds a trouvé un gisement en Perse (Iran). Quant au nom British Petroleum, il a été inventé par une entreprise... allemande qui voulait exporter en Grande-Bretagne. Les deux entreprises ont ensuite été fusionnées (de force pendant la Première Guerre mondiale).Aujourd'hui, la firme demeure avant tout internationale. Certes, le siège de la compagnie britannique est à Londres, mais BP n'emploie que 10.000 personnes en Grande-Bretagne, soit 12 % de son total mondial. Sa production en mer du Nord ne représente plus que 10 % de ce qu'elle extrait à travers le monde. En comparaison, BP emploie 23.000 personnes aux États-Unis, et sa production locale de pétrole en 2009 représentait 26 % de son total mondial.Financièrement, la compagnie pétrolière reste importante pour les retraites des Britanniques, mais cela ne représente au total que 1,5 % des actifs des fonds de pension du pays investis en actions BP. « [La marée noire] ne devrait pas être significative pour l'équilibre financier des fonds de pension », estime Joanne Segars, directrice de l'Association nationale des fonds de pension (NAPF).Enfin, concernant les impôts versés, BP a payé 930 millions de livres (1,1 milliard d'euros) à l'État britannique l'an dernier, sur un total de 8,4 milliards de dollars (6,6 milliards d'euros).Pour autant, l'importance de BP dans le paysage économico-politique britannique ne doit pas être sous-estimée. La dernière offensive des sénateurs américains le prouve? : ils demandent l'ouverture d'une enquête sur le rôle de BP en Libye. En particulier, ils veulent savoir si la compagnie pétrolière est impliquée dans la libération l'an dernier d'Abdel Basset al-Megrahi, l'homme soupçonné d'avoir commis l'attentat de Lockerbie, en échange d'une autorisation d'exploiter un gisement dans les eaux libyennes. Le mélange entre finance, diplomatie, terrorisme et pétrole pourrait s'avérer explosif.
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