J'en ai assez de cette histoire de femmes ? ! ? », s'écrie la C...

J'en ai assez de cette histoire de femmes?!?», s'écrie la Cheikha Mai bint Mohammed Al Khalifa, ministre de la Culture et de l'Information du Bahreïn. Pas question d'être un simple symbole. «?Je suis loin d'être une exception ici?», assure-t-elle. De fait, elle est la deuxième femme, depuis 2004, à détenir ce portefeuille. Bahreïn, petit pays du Golfe, ne ressemble guère au grand voisin saoudien. Les femmes travaillent (et représentent 41,5?% du total des salariés, contre 5?% en 1971), étudient (66?% des étudiants universitaires sont des femmes), conduisent leur voiture (à partir de 18 ans, âge légal pour le mariage), divorcent, votent et se présentent aux élections législatives (depuis 2002). Elles portent, ou non, le voile, jouent au football, appartiennent à un syndicat (33?% des salariés syndiqués sont des femmes)... Les femmes sont dans le gouvernement, les affaires, le Parlement, la Cour constitutionnelle. Elles sont dentistes (67?%), professeurs, chauffeurs de taxi, banquières, infirmières, avocates, pilotes d'avion. Elles bénéficient aussi, depuis 2001, du Conseil suprême pour les femmes, lancé par le roi pour améliorer leurs conditions de vie (santé, éducation) et les émanciper économiquement, de même que des efforts de 24 ONG centrées sur les droits des femmes. Sans oublier une « journée de la femme » spéciale, le 1er décembre, en plus du 8 mars... Résultat, les femmes du royaume adhèrent aux principes de base de la société. «?Nous sommes musulmanes et nous respectons la religion?», disent-elles. «?Il n'est pas question d'une séparation de l'Église et de l'État?», confirme Haya Rashed al Khalifa, avocate, première femme de la région à avoir été présidente de l'assemblée générale de l'ONU (2006-2007), et ancienne ambassadrice en France, de 2000 à 2004. Pourtant, tout n'est pas parfait et malgré un principe général de non-discrimination sur la base du « genre », les coutumes islamiques, en particulier sur l'héritage, sont encore prégnantes. « Il s'agit d'interpréter les textes de façon moderne, et non pas de les considérer figés dans le passé », argumente-t-elle. Mais, pour l'heure, si un nouveau code de la famille, plus favorable aux femmes, a été accepté par la hiérarchie sunnite, les militantes comme Haya Rashed al Khalifa n'ont pas encore réussi à convaincre les autorités shiites de l'adopter. Les choses ont toutefois largement évolué depuis les premiers pas du pays vers la démocratie, à partir de 2002. «?Avant, les femmes n'avaient pas de droits, raconte l'avocate, si une femme quittait le foyer conjugal, la police la forcait à y retourner.?» Aujourd'hui, elles bénéficient d'un médiateur pour leurs différends et les divorcées peuvent demander une aide financière et un nouveau logement à l'État. Il existe aussi des lois sur les pensions et la retraite des femmes, les congés maternité, la violence domestique et le droit des enfants ? même si ceux nés d'un mariage avec un étranger ne peuvent être citoyens du royaume. Nombreuses sont les femmes, surtout celles qui ont étudié à l'étranger, qui se marient avec des non-Bahreïniens, considérés comme plus libéraux que les hommes locaux. «?Nous avons besoin d'initiatives sur le transport public, pour que les femmes aillent travailler ou faire leurs courses, et de meilleurs soins pour les femmes âgées?», ajoute pour sa part Afnan Al Zayani, une femme d'affaires qui a racheté l'entreprise familiale, écrit des livres de cuisine et anime une émission de télévision sur sa passion, la cuisine. Mais pas question de donner des privilèges spéciaux aux femmes. «?Cela pourrait nous revenir en pleine figure?», disent certaines. Les changements qui restent à faire doivent en tout cas faire l'objet d'un consensus à l'intérieur du pays. «?Il serait très difficile de les imposer de l'extérieur?», conclut l'avocate Haya Rashed al Khalifa. L. J. B., au BahreïnAu Bahreïn, la synthèse entre Islam et droits des citoyennesPlus libérées que certaines de leurs voisines, les femmes de ce petit pays du Golfe respectent aussi l'Islam. Elles souhaitent seulement une interprétation moderne des textes.
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