tempête autour d'un crâne

olarIl est tentant pour un romancier d'intégrer des personnages historiques dans son intrigue. Tentant, mais dangereux? James Ellroy s'y est frotté dans sa dernière trilogie et ce n'est pas sa plus grande réussite. Contrairement à son aîné, Craig McDonald n'a pas l'ambition de réécrire l'histoire des États-Unis. Dans « la Tête de Pancho Villa », première traduction en français des aventures d'Hector Lassiter, il brode une intrigue originale autour d'un fait divers réel mais méconnu. Et réussit un polar très complet où personnages de fiction et grandes figures comme Orson Welles et Marlene Dietrich se donnent la réplique.« La Tête de Pancho Villa » s'articule autour d'une étrange affaire, entourée aujourd'hui encore de mystère : le vol du crâne du célèbre révolutionnaire mexicain en 1957, revendu à prix d'or à une société secrète estudiantine de Yale ? la bien nommée Skull and Bone ? qui serait déjà en possession de la tête de Geronimo. La profanation de sa tombe avait pour but de venger le peuple américain de l'expédition meurtrière de Villa à Colombus en 1916, une petite ville frontière aux États-Unis. Et le vol aurait été commandité par un certain Prescott Bush, le grand-père de l'ancien président américain ! Cette étrange affaire s'était d'ailleurs immiscée dans la campagne présidentielle de 2004 lorsque le gouvernement mexicain avait demandé officiellement des éclaircissements à George Bush.usé par les beuveriesHector Lassiter se retrouve donc impliqué dans le vol de ce crâne quand un ami l'invite à participer au convoyage du précieux paquet vers l'université de Yale. Un voyage qui ne sera pas de tout repos, tant le crâne du révolutionnaire et ses secrets attirent bien des rapaces. En dehors d'une intrigue menée à cent à l'heure, c'est le personnage de Lassiter qui fascine. Craig McDonald en fait un écrivain de roman noir, également scénariste pour Hollywood qui n'hésite pas à endosser les habits du détective privé pour alimenter ses intrigues romanesques. On suit les états d'âme de ce héros frôlant la soixantaine, usé par le temps et les beuveries, rongé par un drame familial et une amitié brisée avec le grand Hemingway. Son arrivée sur le tournage de « la Soif du mal » est une des plus belles scènes du roman : cet artisan du scénario doit épauler un Orson Welles plus tyrannique que jamais. Poursuivi par des révolutionnaires mexicains, des agents du FBI et des étudiants survoltés de Yale, notre héros se réfugie dans les bras d'une Marlene Dietrich vieillissante avant de retrouver des ardeurs de jeune homme devant les charmes d'une jeune Mexicaine pétillante. Superbe polar crépusculaire.Laurent Pericone « La tête de Pancho Villa », de Craig McDonald. Belfond Noir, 312 pages, 20 euros.
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