« Un fauteuil roulant dans une entreprise crée du lien social »

STRONG>Emmanuel Constans président de l'Adapt (Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées)Pourquoi les entreprises devraient s'impliquer davantage pour l'emploi des personnes handicapées ?Les entreprises de 20 salariés ou plus sont obligées par la loi de 2005 d'employer un quota de 6 % de handicapés sous peine de sanctions financières. Mais notre objectif, et particulièrement lors de la Semaine pour l'emploi, est de les persuader de leur intérêt à le faire, les convaincre qu'elles peuvent trouver des personnes compétentes. Le plus difficile pour les employeurs, c'est de franchir le pas, recruter le premier salarié handicapé car il y a beaucoup d'appréhensions. Une fois que c'est fait, tous les retours ou presque indiquent qu'ils sont un atout dans l'entreprise. Ils apportent un climat différent. Ils encouragent la solidarité, développent l'esprit d'équipe. Un fauteuil roulant interpelle, relativise les difficultés et crée du lien social. Sans compter que les études ont montré que les personnes handicapées sont plus motivées et moins absentes que les autres. Une fois intégrées, elles se sentent reconnues et très impliquées dans leur entreprise.Malgré l'obligation d'emploi, le taux de chômage des handicapés est deux fois supérieur à la moyenne (20 %). L'engagement politique et les mesures déjà mises en place sont-ils suffisants ?Les lois, et notamment celle de 2005 sur l'égalité des chances, sont bonnes. Mais ce qui compte, c'est la mise en oeuvre. Les universités devraient être handi-accessibles en janvier 2011 : on est loin du compte. Il y a eu d'immenses progrès, mais des efforts doivent être faits sur l'accès à la formation et à l'emploi, la prévention et l'efficacité des structures d'aide à l'emploi. Il y a des choses qui ne fonctionnent pas, comme les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) qui manquent de personnel et de gens compétents. Pour guider le législateur, nous présentons à Christine Lagarde [ministre de l'Économie, Ndlr], qui inaugure la Semaine pour l'emploi, une série de propositions [voir encadré]. Nous espérons qu'elles seront reprises.Début 2010, une entreprise sur quatre soumise à l'obligation d'emploi n'employait aucun travailleur handicapé. Les mentalités ont-elles vraiment évolué ?Les évolutions profondes sont lentes par nature. Il est vrai que 22 % des entreprises étaient à quota zéro début 2010, mais en fin d'année, ce chiffre a considérablement baissé. Bien sûr, il y a l'effet des sanctions, qui ont été intensifié et qui sont équivalentes à 1.500 fois le coût du Smic pour celles qui n'emploient aucun travailleur handicapé depuis trois ans. Les mentalités ne sont pas encore ce qu'elles devraient être, mais on va dans la bonne direction. Des choses très innovantes ont été faites depuis 2005, certaines entreprises ont rattrapé leur retard de manière spectaculaire. La mise en place de « cellules handicap » dans les entreprises a complètement changé la donne, car des personnes sont aujourd'hui formées spécialement pour recruter des handicapés. C'est un progrès énorme. Autre révélateur : les effets de la crise. Les handicapés ont été moins touchés que l'ensemble de la population par l'augmentation du chômage, ce qui montre la solidité et la qualité de leurs emplois.
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