EPR finlandais : Areva fait monter la pression sur son client

Les relations sont loin d'être apaisées en Finlande entre l'électricien TVO et Areva qui construit, avec Siemens et Bouygues, un réacteur EPR de troisième génération. Chez TVO, on se contente de préciser, avec un art courtois de l'ellipse, que « le chantier devrait être fini en 2012, mais pas en juin ». Mais Areva, lui, repart à l'attaque. « Le respect du planning dépend du calage des essais avec notre client », indique Jean-Pierre Mouroux, directeur du projet OL3, sur la presqu'île d'Olkiluoto. « Sur tous les chantiers du monde, on réalise les essais par séquence, sans attendre la finalisation totale d'un test pour en débuter un autre. TVO est d'un autre avis », ajoute-t-il. « La fin du chantier dépend de notre client, insiste Philippe Knoche, directeur des réacteurs et services d'Areva. Nous n'avons pas la maîtrise totale de cet ensemble. »L'orage gronde à nouveau entre Areva et TVO autour de ce chantier qui, quatre ans après son démarrage, accuse plus de trois ans de retard. Pépins techniques, lenteur de la pointilleuse autorité de sûreté finlandaise (Stuk), modifications du design de ce prototype mondial, problèmes d'organisation pour Areva qui mène ici son premier chantier clés en main... de nombreux écueils ont déjà alourdi la facture. Areva prévoit de perdre 2,3 milliards d'euros sur ce contrat facturé globalement 3 milliards. Et se bat avec TVO sur le partage des responsabilités. Le groupe nucléaire demande 1 milliard d'euros supplémentaires à TVO qui, de son côté, réclame 2,4 milliards de dommages et intérêts à Areva. respect du planningDans la dernière ligne droite, c'est une question de méthodologie qui remet le feu aux poudres. La phase d'essais et de mise en route, prévue sur deux ans, doit débuter dans les prochaines semaines pour tenir l'échéance de démarrage en 2012. Les discussions sont déjà vives sur un premier point : les tests du pont de manutention qui permettra d'installer la cuve du réacteur. « TVO veut que les tests soient complètement finis sur un équipement pour en commencer d'autres. Ce n'est pas comme cela qu'on procède », martèle Jean-Pierre Mouroux. Areva ne veut pas lâcher sur ce point « déterminant pour les centaines d'autres essais » et donc le respect du planning. Une façon aussi de faire porter à TVO, à titre préventif, la responsabilité de tout nouveau dérapage.Autre facteur possible de retard : les échanges avec la Stuk sur le système de contrôle commande, dont elle a demandé des modifications . « Il n'y a plus de problème », déclare Jouni Silvennoinen, directeur du projet chez TVO. Chez Areva, on préfère ouvrir le parapluie. « Nous échangeons des documents, des tests sont encore prévus. Nous ne savons pas combien de temps cela va prendre ». Ces nouvelles tensions interviennent alors que le parlement finlandais doit examiner le mois prochain le projet de construction d'un autre réacteur sur le même site. Prudent, TVO a précisé hier étudier les offres de cinq constructeurs internationaux (dont Areva et les Coréens). Seuls les Russes ont été écartés.
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