L'exception tricolore

Le gouvernement n'est pas prêt à remettre en cause la place prépondérante du nucléaire en France, comme en témoigne la très mince concession octroyée mardi par François Fillon pour tenter de calmer les voix des opposants à l'atome. Le Premier ministre s'est contenté d'annoncer que les risques sismiques et d'inondation allaient être évalués dans chacun des 58 réacteurs français, faisant mine de céder à une demande du Parti socialiste, qui avait réclamé plus tôt dans la journée un audit des centrales, en commençant par les plus anciennes. Il n'est « évidemment pas question de sortir du nucléaire », avait déclaré lundi soir Nicolas Sarkozy devant ses conseillers et quelques responsables UMP, fixant comme une priorité « le maintien de l'indépendance énergétique de la France ».Nicolas Sarkozy s'inscrit ainsi dans la continuité de la vision politique française initiée par le général de Gaulle en 1945 lorsqu'il a créé le Commissariat à l'énergie atomique. Son obsession : renforcer l'indépendance de la France, notamment sur le plan énergétique, en lui permettant de maîtriser l'atome. Dans la foulée, le CEA et EDF développent une filière nucléaire strictement française, dite « graphite-gaz ». Neuf réacteurs furent construits. La jugeant peu compétitive, Georges Pompidou, à son arrivée au pouvoir en 1969, lui préfère la filière américaine des réacteurs à eau pressurisée, que la France va désormais développer sous licence Westinghouse. Le premier choc pétrolier en 1973 conduit le gouvernement dirigé par Pierre Messmer à accélérer le mouvement afin de réduire la facture pétrolière. De 1974 à 1977, pas moins de 36 réacteurs sortent de terre, sans rencontrer d'opposition particulière de l'opinion publique. Pour démultiplier l'effet du parc, la France s'emploie, en outre, à accroître l'utilisation de l'électricité en favorisant notamment le chauffage électrique, autre spécificité française. De 1974 à 2008, la part de l'électricité dans la consommation totale d'énergie primaire en France passe de 4 à 43 %. Bilan : la France détient aujourd'hui le deuxième parc nucléaire du monde, après les États-Unis (104 réacteurs) et est le pays le plus « nucléarisé » du monde - derrière la Lituanie - avec 75 % d'électricité d'origine nucléaire.Le ministre de l'Énergie, Éric Besson, vantait encore mardi sur RTL « l'indépendance énergétique partielle » que le nucléaire confère à la France. Son taux de dépendance énergétique est passé de 80 % en 1970 à 50 % depuis 1990. Sans compter une « électricité 40 % moins chère que dans le reste de l'Union européenne », selon le ministre. M.-C. L.
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