L'AFME propose des alternatives

Le débat sur les exigences de fonds propres à imposer aux banques pour éviter une nouvelle crise n'en finit pas de rebondir, parfois de façon oblique. L'AFME (Association for Financial Markets in Europe) a en effet publié jeudi un rapport intitulé : « Le filet de sécurité systémique : comment remettre d'aplomb les sociétés menacées de faillite ». L'idée : plutôt qu'un sauvetage aux frais du contribuable ou une liquidation (au risque que les pertes infligées à ses créanciers et contreparties ne fassent paniquer les marchés), mieux vaudrait prévoir des mécanismes pour forcer les créanciers à prendre les pertes qui leur reviennent, et ainsi rééquilibrer le bilan. Dans cette optique, l'AFME apporte son soutien à deux propositions que le G20 a chargé le Conseil de stabilité financière d'évaluer d'ici à son sommet de Séoul, en novembre. La première est l'utilisation optionnelle d'obligations « convertibles contingentes », des titres de dette convertis en capital lorsque la solvabilité de l'établissement passe sous un niveau prédéfini (et supérieur au minimum réglementaire). Une solution déjà mise en oeuvre par Lloyd's Banking Group, qui a émis en novembre 2009 pour 9 milliards de livres de ces « CoCos ». voie médianePlus innovante, la seconde proposition (dite « bail-in ») est une voie médiane entre liquidation et sauvetage : permettre au régulateur d'intervenir en convertissant une partie de la dette senior en capital. Cette méthode aurait permis aux créanciers de Lehman Brothers de récupérer entre 85 % et 95 % de leur mise, au lieu des 10 % à 20 % que valaient les obligations après la faillite, selon la simulation réalisée par l'AFME (voir illustration). Après avoir déprécié les actifs de 25 milliards de dollars, la conversion de 15 % de la dette senior aurait ainsi suffi à redresser le ratio de fonds propres durs au-dessus de 20 %, permettant à la banque de poursuivre ses opérations. Le directeur de la communication de l'AFME, Rob McIvor, précise que cette publication est issue d'un rapport plus large sur le risque systémique à paraître en septembre. Avec un message : « Se concentrer uniquement sur l'augmentation des exigences de fonds propres n'est pas une solution efficace pour prévenir le risque systémique. » L'étude tombe donc à pic pour étayer la thèse martelée depuis des mois par les lobbies bancaires, qui alertent sur le risque d'étouffer la croissance... mais sont suspectés de chercher, avant tout, à préserver leur rentabilité. Parmi les auteurs du rapport, on trouve d'ailleurs des représentants de Credit Suisse, Barclay's, Deutsche Bank, Goldman Sachs, JP Morgan et BNP Paribas. C.Q.F.D. ? nInfographie2cols 70 mm
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