Shell redevient offensif dans l'exploration-production

L'horizon d'investissement dans l'industrie pétrolière, compte tenu de la lenteur des projets, n'est pas le court terme. Mais, en 2009, la baisse du baril et du gaz a rogné les sources de financement des majors. Dans l'exploration-production, sa priorité affichée, Shell a ainsi diminué ses investissements de 26 % l'an dernier, à 24 milliards de dollars, par rapport à une année 2008 dopée, il est vrai, par l'envolée du prix du baril. Mais ces coupes n'ont pas suffi et le groupe a dû emprunter massivement pour financer ses dépenses.En 2010, Shell devra encore faire appel aux marchés de la dette, mais il compte réinstaller ses investissements sur un rythme semblable à celui des années d'avant-crise. Entre 2010 et 2014, Il compte ainsi dépenser 25 milliards à 30 milliards de dollars par an. Plus de 80 % de cette enveloppe seront consacrés à l'exploration-production, soit un niveau semblable à celui des années 2007 et 2006. Pourtant, Shell ne table pas sur une hausse des marchés pétroliers à court terme. Pour 2010, il s'en tient à une prévision d'un baril compris entre 50 et 90 dollars. « Nous pensons que le prix du baril pourrait subir une pression à la baisse avec l'arrêt des plans de relance au second semestre », a même indiqué le directeur financier du groupe Simon Henry, en marge d'une conférence de presse mardi à Londres. « Les fondamentaux du marché du pétrole restent faibles à court terme, mais le moyen terme est plus positif », a estimé le directeur général, Peter Voser.S'il compte poursuivre d'importants investissements en exploration-production, pour se préparer à la reprise de la demande, Shell se montre beaucoup plus sélectif dans le raffinage et la distribution. À court terme, il va même tailler à la hache dans ces activités aval. Le géant anglo-néerlandais compte réduire de 15 % sa capacité de raffinage dans le monde. Mais les coupes seront encore plus sévères dans la distribution. Shell a annoncé, mardi, son intention de se séparer d'un tiers des quelque 45.000 stations-service qu'il compte dans le monde !Le prix du baril n'est pas le seul défi auquel fait face le groupe. Une autre hypothèque pèse sur ses décisions d'investissement et ses prévisions de rentrée de cash. En effet, Shell produit aujourd'hui à peu près autant de gaz que de pétrole. En 2012, sa production de gaz devrait même légèrement dépasser celle de pétrole, pour atteindre 52 %. Or les oracles peinent à trouver un consensus sur le calendrier de résorption de la bulle gazière qui pèse sur les prix. Shell souligne la forte proportion de ses contrats de vente de long terme, principalement en Asie et en Europe, indexés sur le prix du pétrole. Mais une faiblesse durable des prix du gaz rognera quoi qu'il en soit ses performances.En attendant un rebond de ces marchés, Shell veut encore optimiser ses performances. L'an dernier, il a réduit ses coûts de deux milliards de dollars, ce qui a conduit au départ de 5.000 personnes. Ce plan sera amplifié en 2010 pour dégager un milliard de dollars d'économies supplémentaires. Au prix de 2.000 suppressions de postes de plus.Olivier Hensgen, à Londre
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