L'ironie est mordante : les conservateurs britanniques, ouvertement eurosceptiques, se réjouissent d'un rapport de la commission européenne sanctionnant leur pays. Bruxelles doit publier ce mercredi son document critiquant le Trésor britannique, parce qu'il ne réduit pas assez vite ses déficits. « Ces avertissements n'ont pas provoqué de controverse par le passé, mais celui-ci arrive à un moment politiquement sensible », estime Simon Tilford, du Centre for European Reform. Le débat électoral oppose les conservateurs partisans d'une réduction immédiate des déficits aux travaillistes qui souhaitent attendre un an. Actuellement, le gouvernement prévoit un déficit de 12,6 % du PIB cette année, et met en place un plan pour le réduire à 4,7 % en 2015. Pour la commission européenne, c'est insuffisant. resserrement fiscal accruLe rapport, qui doit être publié ce mercredi et dont Reuters s'est procuré un brouillon, s'inquiète du déficit structurel britannique. « La conclusion est que la stratégie fiscale [...] n'est pas suffisamment ambitieuse et doit être significativement renforcée, estime la commission. [...] Un calendrier crédible pour restaurer les finances publiques (...) nécessite un resserrement fiscal additionnel. » Cependant, Bruxelles ne peut rien contre Londres, le Royaume-Uni ne faisant pas partie de la zone euro.Pour George Osborne, le chancelier « fantôme » des conservateurs, ce rapport est « un nouveau coup pour la crédibilité de Gordon Brown ». Mais les Tories ne pourront faire qu'une utilisation limitée du document. « Les conservateurs ont horreur de la moindre intervention européenne, et il ne peuvent en tirer que peu d'avantages électoraux », estime Simon Tilford.La remontrance tombe cependant à pic pour les Tories. Alors que les sondages faisaient état d'un resserrement des intentions de votes depuis trois semaines, trois nouvelles enquêtes d'opinion leur donnent entre cinq et onze points d'avance sur les travaillistes. éric Albert, à Londre

latribune.fr

16 Mars 2010, 23:19

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