L'Europe des moyens de paiement, c'est demain. Mais les entreprises semblent l'ignorer...

Un peu de science-fiction. Nous sommes le 1er février 2014. Vous scrutez votre compte bancaire, impatient(e) de voir votre salaire de janvier venir gonfler la colonne des crédits. Las ! Le virement attendu ne vous parviendra pas, votre employeur ayant omis de se conformer à la nouvelle norme européenne SEPA (Single Euro Payments Area), relative aux virements et aux prélèvements. C\'est pour éviter ce scénario-catastrophe que la Fédération bancaire française (FBF) a lancé, ce mardi, le site Internet www.banques-sepa.fr.L\'objectif ? « Sensibiliser les entreprises à l\'approche de SEPA [dont la date butoir est le 1er février 2014 ; Ndlr] », indique Jean Clamon, président du Comité d\'orientation des moyens de paiement de la FBF, et vice-président du Comité national SEPA. Willy Dubost, directeur des systèmes et moyens de paiement à la FBF, n\'y va pas par quatre chemins : « Nous lançons ce site pour mettre un peu plus de pression sur les entreprises. »Les virements SEPA représentent 35% du total des virementsCar nombre d\'entre elles ne semblent pas avoir entendu parler de SEPA, ce projet d\'harmonisation des moyens de paiement voulu par l\'Union européenne (UE), dans le sillage du passage à l\'euro. Une harmonisation des formats, du niveau de sécurité et des délais, qui permettra, par exemple, à une entreprise française comptant des clients dans plusieurs pays européens de centraliser leurs paiements sur un seul compte bancaire, au lieu d\'être contrainte, comme c\'est le cas aujourd\'hui, de disposer d\'un compte dans chaque pays où elle est implantée.Malgré cette perspective de simplification, et bien que les banques proposent cette nouvelle norme depuis le 1er novembre 2010, les prélèvements SEPA représentent aujourd\'hui moins de... 1% du total des prélèvements effectués en France, selon la FBF. La proportion est certes sensiblement plus élevée (35%) en matière de virements, mais cela tient en grand partie aux administrations publiques - comme les caisses d\'allocations familiales ou Pôle Emploi-, qui « se sont extrêmement mobilisées », précise Jean Clamon.Les PME à la traîneAu contraire, les entreprises privées semblent prendre tout leur temps. Notamment les PME, qui, contrairement aux grands « facturiers » que sont les groupes d\'énergie et les opérateurs de téléphonie, sont nombreuses à « ne pas avoir entamé le processus de migration vers SEPA », affirme Willy Dubost. « Les entreprises se battent contre la conjoncture économique », admet Jean Clamon, mais « la préparation à SEPA est, elle aussi, importante. »Car, après ce fameux 1er février 2014, les banques devront refuser les paiements qui ne seront pas réalisés au nouveau format. « Ce sont le chiffre d\'affaires, la trésorerie des entreprises, qui sont en jeu », insiste Willy Dubost, de la FBF. Voire leurs charges : la migration SEPA représente certes un coût de 100.000 euros à 10 millions d\'euros par entreprise, selon une étude de bfinance, mais cette nouvelle norme leur permettra d\'économiser 123 milliards d\'euros, au total, sur six ans, estime la BCE (Banque centrale européenne). Laquelle se base notamment sur l\'homogénéisation des frais bancaires entraînée par SEPA. 
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