« Wall Street », la nostalgie du banquier honnête homme

Selon le magazine « Fortune », « Wall Street » d'Oliver Stone, sorti en 1987, reste le film préféré des Américains sur la finance. L'affreux Gordon Gekko (Michael Douglas), inspiré du trader Ivan Boesky, tombé pour délit d'initié, « à notre étonnement, est devenu un emblème des années 1980 », constate le producteur Ed Pressman : « Il a attiré les étudiants vers les métiers de la finance. » Ceux-là même que l'on retrouve à la tête des institutions financières américaines, qui ont conduit à la crise sans précédent de 2008.Et c'est ce que raconte la suite de « Wall Street ». Sa chronique de la crise est ultradocumentée. « Nous sommes allés voir les plus grands noms de la finance, confie Edward Pressman, de Warren Buffett aux présidents des banques. Pour la scène du meeting entre les banquiers et la Fed [inspirée du week-end de septembre 2008 où le Trésor américain décida de forcer Lehman à se déclarer en faillite, Ndlr], des experts nous ont même expliqué comment ils étaient habillés ce jour-là. »Vingt ans plus tard, « c'est pire », avoue Oliver Stone. « J'avais bien vu ce qui n'allait pas en 1987, mais je pensais que le marché se régulerait. » D'où ce regard implacable du dernier film, beaucoup plus sévère, sur le capitalisme totalement dérégulé de Wall Street. Un sujet qui tient d'autant plus à coeur à Oliver Stone que son père, comme le beau-père de Pressman, travaillaient à la Bourse de New York. « À l'époque, chacun connaissait personnellement ses clients, travaillait à leur faire gagner de l'argent. Pas à s'enrichir », se souviennent le producteur et le réalisateur, nostalgiques d'un Wall Street d'honnêtes hommes.Hollywood préfère divertir « Le métier a changé dans les années 1980 avec l'arrivée des ordinateurs. C'est ce que nous avons raconté dans le premier épisode. » Mais, à l'époque, celle « des fusions-acquisitions, Gekko achetait des sociétés pour les revendre. C'était plus simple », poursuit Edward Pressman. Avec les produits dérivés, « c'est devenu systémique ».Convaincre Hollywood, en l'occurrence la Fox, de financer un projet à 70 millions de dollars (contre 16 millions pour le premier) n'a pas été sans mal. Oliver Stone lui-même n'était pas partant : « En 2006, la Bourse se portait au mieux, alors faire un film sur les riches, non merci », reconnaît le réalisateur. Et puis il y a eu septembre 2008. Mais, Hollywood, qui n'a pas échappé à la crise, concentre ses investissements sur des films de divertissement pour adolescents ou destinés à toute la famille. « Le genre dramatique est totalement délaiss頻, pointe Edward Pressman. La présence de Shia LaBeouf, qui joue le jeune trader, a aidé. « Les studios font des films pour un public âgé de 18 ans. Avec Shia, il peut s'identifier à un comédien qu'il connaît. » « L'argent ne dort jamais » s'est imposé comme titre principal au détriment de « Wall Street 2 », dont les plus jeunes ignorent à quoi il fait référence. Shia parie sur les valeurs du secteur des énergies renouvelables. La prochaine bulle ?
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