La Corée du Sud investit massivement dans la croissance verte

Quelque 2 % de son PIB annuel, c'est ce que la Corée du Sud a décidé de consacrer, pendant cinq ans, à son programme de croissance verte. Après avoir bâti son spectaculaire développement sur les industries lourdes, puis l'électronique, Séoul a identifié ses prochains moteurs de croissance. « Pendant soixante ans, la Corée du Sud a cherché à sortir de la pauvreté et donné la priorité à une production industrielle très gourmande en énergie, explique Kim Jin-yeoung, de la Commission présidentielle pour la croissance verte, qui pilote le programme. À l'ère du réchauffement climatique et de la crise économique, ce modèle n'est plus satisfaisant. » Et, avec ce fort volontarisme qui caractérise sa politique industrielle, Séoul s'est donné les moyens d'agir. 97 % de son énergie importésAu total, 73 milliards d'euros seront investis sur cinq ans et autour de cinq axes principaux, la réduction de la dépendance énergétique du pays (qui importe aujourd'hui 97 % de son énergie) notamment à travers l'utilisation accrue d'énergies renouvelables et nucléaire, la transformation de sa structure industrielle pour la rendre compétitive dans le secteur des technologies vertes et l'amélioration de la qualité de vie des Coréens. Selon la c ommission, le plan devrait rapporter entre 110 milliards et 125 milliards d'euros de bénéfices sur cinq ans. Il prévoir un important soutien à la recherche et au développement, d'un budget total de 14,7 milliards d'euros. Diverses technologies ont été identifiées comme stratégiques, dont le solaire (voir ci-dessous). « Le secteur privé a emboîté le pas et investit à son tour », explique Kim Jin-yeoung. Objectif affiché : que ces technologies représentent 22 % des exportations coréennes d'ici à 2020, contre 10 % aujourd'hui. La croissance verte sera aussi au coeur de la politique de l'emploi. Le ministre du Travail a annoncé un investissement de 750 millions d'euros dans la formation de 100.000 experts baptisés « cols verts ». Des opportunités de requalification seront offertes aux travailleurs de l'automobile, de la métallurgie et de la construction navale. Selon les estimations de la commission, le plan devrait créer entre 1,56 million et 1,81 million d'emplois d'ici à 2013. Cette transition planifiée de toute une économie ne se limite pas à l'industrie. « Ce sont aussi les modes de vie que nous voulons changer », ajoute Kim Dong-jin, directeur adjoint de la commission. Incitation à utiliser le vélo et les transports en commun, construction de villes à empreinte carbone neutre, campagnes d'information sur les comportements de consommation écolo... les projets foisonnent. Mais certains aspects du plan suscitent une opposition très vive. Le titanesque projet de réhabilitation de quatre grands fleuves supposé prévenir des inondations et assurer un approvisionnement en eau, d'un coût total de 10 milliards d'euros, est le plus critiqué. Une politique de grands travaux dont la dimension « verte » est largement contestée. « C'est une imposture totale », s'emporte Choi Seung-kook, président de l'ONG environnementale Green Korea. « Ces opérations de bétonnage détruisent les écosystèmes locaux et la qualité de l'eau sera dégradée. » Autre projet qui provoque la colère des ONG : la construction de quatre usines marémotrices, accusées de détruire les zones humides du littoral, refuges de nombreuses espèces d'oiseaux rares. En outre, pour Green Korea, les objectifs sud-coréens de réduction des émissions de carbone sont beaucoup trop faibles, de même que l'importance accordée aux énergies renouvelables face au nucléaire. L'ONG défend sa vision d'une croissance verte « à taille humaine, avec la construction de maisons écologiques et, surtout, de vrais efforts pour protéger les écosystèmes et changer nos habitudes ».
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