« Il faut savoir dire ? non ?  »

Pourquoi donner un tel retentissement au 70e anniversaire de l'Appel du 18 juin ?D'abord, hélas, parce que le temps fait son oeuvre et que les derniers témoins disparaissent. Cela mérite une commémoration. Mais, surtout, à mon sens, parce que l'Appel du 18 juin a été un événement exceptionnel qui a bousculé les données politiques et géopolitiques. Car cet appel est un acte politique fondamental qui émane, ne l'oublions pas, d'un homme seul, considéré comme déserteur et qui sera bientôt condamné à mort par contumace. Cet appel, c'est l'espoir, c'est l'acte d'un visionnaire qui anticipe les événements. D'ailleurs, cela sera confirmé dans son discours du 20 juin où de Gaulle dit que l'on gagnera la guerre car, bientôt, les USA entreront dans le conflit et que l'alliance entre Hitler et Staline ne durera pas. Il avait raison. Cet appel, c'est encore un geste du refus, entouré des notions d'honneur et d'indépendance.Et ce message vous semble toujours d'actualité, notamment vis-à-vis des jeunes ?Bien entendu. Il faut savoir dire « non » et ne respecter que ses propres convictions. C'est ça l'indépendance, le refus de l'abandon. Certes, beaucoup de jeunes ne connaissent pas la Seconde Guerre mondiale et l'Appel du 18 juin. Mais ceux que j'ai rencontrés sont avides de découvrir. Et, progressivement, ils mesurent le caractère exceptionnel de cet épisode qui a valeur d'exemple. À eux, maintenant, de savoir mener les combats de leur choix en conscience, de dire « non », de lutter contre la résignation, d'être indépendant.Quelle est la signification du gaullisme en 2010 ?Il y a une philosophie gaullienne à conserver. Elle remonte justement à l'Appel du 18 juin. La France doit préserver sa souveraineté. Être gaulliste, c'est avoir le sens de l'État, c'est aussi refuser les abandons de souveraineté au profit de l'Europe. Pour autant, attention, depuis la mort du Général en 1970, le monde a changé. Il ne faut donc pas tomber dans l'excès de certains qui, au nom du gaullisme, veulent que rien ne change.Imaginez de Gaulle revenant en France en ce début de XXIe siècle, que dirait-il ?Il ne reconnaîtrait pas son pays. Sa première réaction intime serait une grande tristesse devant l'évolution de notre système politique. Tristesse également en réalisant que la France ne peut plus jouer dans le monde le rôle qu'elle devait jouer. Lui qui s'est battu pour que la France soit membre permanent du Conseil de l'ONU. Tristesse encore en découvrant une construction européenne qui n'est pas celle qu'il voulait de « l'Atlantique à l'Oural ». Tristesse enfin en constatant le déclin de la présence française en Afrique.Propos recueillis par Jean-Christophe Chanut
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