Qualité des eaux de baignade : compte-à-rebours pour les communes

L'anecdote est significative : il y a trois ans, le maire de Perros-Guirec (Côtes d'Armor) a reçu un courrier de la Ddass l'informant que Mme X avait attrapé une maladie après s'être baignée tel jour à telle plage de sa commune. « J'ai tout de suite ressorti les analyses des eaux correspondant à ce jour, et je n'en ai plus jamais entendu parler », raconte Yvon Bonnot, qui se félicite encore d'avoir été pionnier en matière de surveillance des eaux de baignade : depuis huit ans, un laboratoire livre chaque jour à midi les analyses des eaux de sa commune. La pression s'accentue en tout cas sur les communes en matière de qualité des eaux de baignade. Une directive européenne de 2006 leur impose en effet de nouvelles obligations, et le temps leur est compté pour se mettre aux normes. D'ici mars 2011, d'abord, elles doivent établir un « profil de vulnérabilit頻, c'est-à-dire une carte des risques de pollution de leurs eaux de baignade. Tandis qu'en 2013 sera publié un classement des plages, établi sur les résultats des quatre dernières années. 2010 sera donc la première année prise en compte pour ce classement. Sachant que si leur bilan s'avère insuffisant, les communes courent le risquent d'un déclassement de plage et donc de fermeture de leur site en 2015 ! Près de 1.700 communes sont concernées par ces nouvelles obligations, dont 1.214 sur le littoral, pour un total de 3.000 plages. La plupart font appel aux trois grands acteurs du marché de l'eau que sont la Lyonnaise des Eaux (filiale de Suez Environnement), Veolia et le groupe Saur, pour satisfaire aux nouvelles normes de qualité. Le coût n'est pas négligeable : entre 40.000 et 100.000 euros, a calculé le maire de Perros-Guirec, par ailleurs président de l'Anel, Association nationale des élus du littoral. Sans compter que la commune doit aussi avoir, en amont, un système de traitement des eaux usées aux normes. Ainsi Yvon Bonnot a-t-il fait construire une nouvelle station d'épuration, pour un investissement de 18 millions d'euros.Profils de vulnérabilité Les agences de l'Eau accordent des subventions aux communes, dont certaines vont jusqu'à 70 % des dépenses engagées. Mais « beaucoup ne se sont pas encore emparé du problème », regrette le maire de Perros-Guirec. Un retard que confirme Philippe Masse, directeur de Rivages Pro Tech, la direction de Lyonnaise des Eaux dédiée à la protection des eaux de baignade. « Beaucoup de communes n'ont même pas encore commencé à réaliser leurs profils de vulnérabilit頻, témoigne-t-il. Pour l'instant, les Agences Régionales de Santé feraient plutôt preuve d'indulgence. Mais l'échéance de 2015 arrivera vite. Stéphanie Tisserond
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