Ces Franciliens qui rêvent toujours de quitter Paris

Ce n\'est plus un mythe. C\'est une réalité qui nourrit depuis déjà pas mal de temps les discussions dans les dîners aux alentours de la capitale. 54% des Franciliens rêvent de quitter l\'Ile de France dont 19% qui sont certains de partir un jour. Le sondage de l\'Institut CSA pour le salon Provemploi (le salon pour vivre et travailler en province), montre que ce désir est partagé par l\'ensemble des catégories sociales de la population (63% des CSP+, comme 61% des CSP-), par les natifs d\'Ile de France (50%) comme par les provinciaux d\'origine (58%), même si l\'envie de ces derniers est un peu plus appuyée.Ce désir correspond en réalité à une étape de vie : celle où l\'on commence à accéder avec un premier salaire à l\'autonomie avec la perspective de construire une famille ou de mieux profiter des enfants. Ainsi ce projet connaît un pic auprès des franciliens âgés de 25 à 34 ans (69% envisagent de quitter la région parisienne). Et les deux tiers d\'entre eux ont une idée assez précise de leur destination. Ils se projettent plutôt dans une petite ville ou de taille moyenne (moins de 100 000 habitants) devant la campagne ou la grande ville. Et sans surprise c\'est encore la météo qui dicte sa loi : les régions ensoleillées du sud et de l\'ouest de l\'Hexagone apparaissent les plus attractives. 25% iraient bien en Provence Alpes Côte d\'azur, 21% en Bretagne, 19% en Languedoc Roussillon et 18% en Aquitaine. Ce qui plus profondément motive les candidats au départ, c\'est la volonté de trouver un cadre de vie plus agréable (pour 68% d\'entre eux), avant d\'y trouver un coût de la vie plus abordable (41%) et moins de temps passé dans les transports (40%), ou encore l\'agressivité des parisiens (30%) et le manque d\'espaces verts (21%).Si l\'on en croit l\'Insee, 200 000 franciliens passent à l\'acte chaque année et déménagent à Marseille (en tête des destinations), suivie de Lyon, Toulouse, Nantes et Bordeaux. En cinq ans Paris et sa région ont vu partir un million d\'habitants.Un phénomène qui n\'est pas pour autant nouveau et qui, selon Jean Viard, sociologue au Cevipof, auteur du «Nouveau portrait de la France : la société des modes de vie » (Ed de l\'Aube, Janvier 2012) existe depuis une vingtaine d\'années. Il a d\'abord débuté par un transfert Paris intra-muros vers la banlieue pour se transformer avec le développement des lignes TGV par de nouveaux styles de vie urbains où certains mixent des lieux de vie et de travail éloignés. Pour ce sociologue, la France est aujourd\'hui un pays d\'urbains et d\'extra-urbains qui partagent une culture largement tournée vers les loisirs. Et comme on change d\'emploi tous les onze ans en moyenne, ce n\'est plus le travail qui dicte, d\'après Jean Viard, le lieu de vie. On choisit d\'abord l\'endroit où on a envie de résider, avant d\'y chercher un emploi.C\'est justement cette crainte de ne pas trouver un job satisfaisant qui fait hésiter près de la moitié des franciliens, relève le sondage de l\'Institut CSA, devant la crainte de s\'éloigner de sa famille. La peur d\'être mal accueilli par les habitants ou les éventuelles difficultés de scolarisation ne sont pas réellement perçues comme des freins. Mais il faut bien se garder de conclusion hâtives et de témoignages récurrents sur ces « parisiens qui fuient la capitale » que l\'on retrouve tous les ans dans les médias. S\'il y a bien près de 200 000 départs annuels vers la province, Paris voit arriver dans le même temps 110 000 actifs chaque année (qui sont plus jeunes, que les candidats au départ. S\'y ajoutent environ 30 000 actifs qui arrivent de l\'étranger dont 40% de Français auparavant installé à l\'étranger.« Au fond, l\'évolution des modes de vie façonne tout autant les territoires que les politiques d\'aménagement. On vit une révolution du rapport à l\'espace aussi profonde que celle observée durant la révolution industrielle, où populations et outils de production s\'étaient rapprochés des matières premières. Les Français, dans une large mesure, n\'acceptent plus de s\'aliéner à l\'activité économique », en conclut Jean Viard qui ne voit désormais plus aucun sens dans cette opposition Paris Province. « Il faut avant tout parler d\'urbains et d\'extra-urbains. Ces derniers s\'installent à l\'écart des villes pour éviter leurs nuisances, pour offrir un meilleur cadre ou de meilleures écoles à leurs enfants, mais suffisamment près pour bénéficier de leurs avantages. Chose nouvelle : ils partagent une même urbanité avec ceux qui sont installés de longue date dans ces territoires, y compris les agriculteurs, qui désormais font leurs courses au supermarché et confient leurs enfants à la crèche ». Donc, exit le phénomène des néoruraux, qui quittent la ville parce qu\'ils rêvent de campagne.  
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