La zone euro tremble pour sa « survie » et celle des finances irlandaises

Nous attendons de voir ce que l'Irlande a à nous dire », indiquait, laconique, mardi soir le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble à son arrivée à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues de la zone euro s'annonçant digne des pires moments de la crise de l'euro du début de cette année. Plus tôt dans la journée, le président du Conseil, Herman Van Rompuy, avait annoncé que la zone euro jouait sa « survie » depuis un an. « Et ce n'est pas fini », avait-il ajouté. Olli Rehn eut beau lâcher dans l'après-midi qu'il n'y avait « pas de problème de survie de l'euro mais seulement de sérieux problèmes dans le secteur bancaire irlandais », tous les éléments d'un nouvel épisode dramatique sont réunis. De combien le secteur bancaire irlandais a-t-il besoin? C'est la question qui semble avoir été au centre des discussions de ces derniers jours. « Nous avons reçu des informations utiles de l'Irlande récemment », a dit hier Olli Rehn. « Nous y travaillons avec la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) ». La BCE se lasse de voir son soutien massif à la liquidité des banques irlandaises servir de cache-sexe à leur insolvabilité. Elle l'a fait savoir par la bouche de son vice-président. Mais transformer des liquidités en capital a un coût. Le mécanisme de stabilisation de l'euro, qui peut aider Dublin à recapitaliser ses banques en l'aidant à se refinancer, est conçu pour inciter les éventuels bénéficiaires à retourner rapidement sur le marché, au moyen d'une prime de risque conséquente. Le guichet de la BCE, lui, reste très peu cher. Stricte conditionnalitéL'appel à la solidarité européenne aura aussi des conséquences fortes sur les marges de manoeuvre du gouvernement irlandais, car il est soumis à une stricte conditionnalité. Berlin y veillera particulièrement. « On ne peut pas juste jeter de l'argent depuis des hélicoptères (...) Les États en crise budgétaire (...) doivent engager des réformes », a déclaré hier le ministre allemand de l'économie Rainer Brüderle. La pilule de la tutelle de Bruxelles et du FMI sera d'autant plus difficile à avaler pour la fière Irlande qui avait fait de sa fiscalité la clé de sa réussite économique au point de faire modifier le traité de Lisbonne pour préserver sa souveraineté.L'Espagne et le Portugal poussent explicitement en faveur d'une solution au problème irlandais qui a des conséquences, estiment-ils, sur leurs coûts de financement, alors que Paris et Berlin ont démenti faire pression. « Nous avons un mécanisme en place, c'est un problème mécanique », a ajouté la ministre française Christine Lagarde. Pas si mécanique, en réalité, car l'enveloppe globale de 750 milliards d'euros laisse d'importantes marges d'appréciation (voir encadré). C'est donc à la fois le volume des besoins irlandais pour consolider le secteur bancaire et l'articulation entre les différents instruments du mécanisme qui devaient être évoqués mardi soir.
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