Aéronautique : le casse-tête chinois

Fascinés. Les industriels aéronautiques européens, présents depuis ce mardi au salon de Zhuhai (au sud de la Chine), restent plus que jamais attirés par les promesses faramineuses du marché civil chinois. Airbus, qui avait 637 appareils en service (soit 43 % de la flotte chinoise) et 300 en commande à la fin octobre, prévoit la vente de plus de 3.000 avions commerciaux dans les vingt prochaines années dans l'ex-empire du Milieu. Quant au PDG d'Eurocopter, Lutz Bertling, il estime les besoins de la Chine à un millier d'hélicoptères dans les dix prochaines années. Le trafic aérien chinois devrait afficher, cette année, une progression proche de 20 % (après celle de 22 % déjà enregistrée en 2009), selon le président d'Airbus China, Laurence Barron. Un marché qui ouvre les appétits des constructeurs.À 45 minutes en ferry de Hongkong, la ville côtière de Zhuhai est donc l'occasion pour les industriels européens de resserrer les liens avec leurs homologues chinois, regroupés dans l'entreprise publique Avic (China Aviation Industry Corporation) et très avides de développer une filière aéronautique indépendante et... compétitive.Le groupe Safran et certaines de ses filiales, Thales ainsi qu'EADS en général, avec en particulier ses filiales Airbus et Eurocopter, ont déjà tous mis en place et créé des coopérations et/ou des joint-ventures avec les industriels chinois. Safran et Thales ont même profité du salon de Zhuhai pour annoncer de nouveaux accords. Le groupe électronique a signé un protocole d'accord en vue de créer un joint-venture avec China Electronics Technology Corporation (CETC), qui sera chargé de vendre à Comac, le constructeur du nouvel avion moyen-courrier C919, des IFE (In Flight Entertainment). Pour sa part, Safran a signé un « partenariat stratégique global » avec Avic. Il a pour « objet d'élargir les axes de coopération existants entre Safran et Avic à l'ensemble des domaines d'activités de leurs filiales ».Réticence de BoeingÀ l'inverse de leurs concurrents américains, notamment Boeing, très réticents à s'engager dans cette voie, les groupes européens persévèrent dans cette stratégie... qui pourrait toutefois se révéler dangereuse à moyen terme. Dernièrement, Airbus, qui a implanté dès 2007 une chaîne d'assemblage de ses A320 à Tianjin (une opération qui représente 5 % de la valeur ajoutée d'un avion) et qui, notamment, a confié la fabrication complète des ailes de cet appareil, s'est montré déçu par la dernière commande chinoise signée tout récemment à Paris (102 Airbus au lieu des 150 initialement prévus).Mais, surtout, Airbus voit désormais poindre l'arrivée dès 2016 d'un rival, le C919 équipé par Safran et General Electric d'un moteur économique de dernier cri (LeapX). Ce qui a fait grincer des dents chez Airbus. Résultat : mardi à Zhuhai, la Comac a dévoilé des commandes de 100 appareils de la part de six compagnies, dont Gecas, le loueur américain qui veut s'offrir cinq C919 et a posé une option pour cinq autres.
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