Dix EPR d'ici 2016... Et si Areva rêvait ?

Face à la dérive de la facture et des délais des deux EPR en construction en France et en Finlande, Luc Oursel, patron d\'Areva, a tenu à afficher résolument son optimisme jeudi. Il a notamment réaffirmé son objectif, fixé en décembre 2011, de vendre dix EPR d\'ici 2016. C\'est pourtant déjà pratiquement mission impossible, ne serait-ce que si on tient compte des très longs délais qui prévalent dans le choix d\'un fournisseur de réacteurs.6 procédures de sélection en cours et 6 \"à venir\"Luc Oursel a expliqué qu\'il allait tenir cet objectif parce que six électriciens (EDF en Grande-Bretagne, CGNPC en Chine, NPCIL en Inde, deux électriciens en Finlande et le tchèque CEZ) étaient actuellement en train de choisir le fournisseur de... dix réacteurs de la puissance d\'un EPR. Pour autant, pour atteindre ses dix ventes d\'ici 2016, le patron d\'Areva a souligné qu\'il ne comptait pas gagner 100% de ces compétitions. Il misait aussi sur les appels d\'offres «à venir» dans six autres pays (Pologne, Arabie saoudite, Afrique du Sud, Royaume Uni, Pays Bas, Suède).Pour les 6 EPR en négociation en Grande-Bretagne, en Chine et en Inde, Areva est seul en lice. Ce sont des procédures de \"gré à gré\" (sans appel d\'offres). Encore faut-il que les électriciens décident bel et bien de lancer les projets. Areva est par ailleurs en concurrence sur trois autres procédures en cours, en Finlande et en République Tchèque (même si le groupe français est éliminé à ce stade). Bref, pour tenir son objectif 2016, Luc Oursel doit impérativement signer d\'ici là des contrats fermes avec quelques uns des électriciens qui envisagent de lancer une procédure de sélection dans les années qui viennent. Pour y parvenir, il faudrait que tout aille vite, très vite, plus vite que ce qu\'on constate habituellement dans ce secteur.• Au Royaume-Uni, pas de commande même si le programme est lancé depuis 2006Premier exemple : au Royaume Uni, le gouvernement a décidé en 2006 de recourir à nouveau au nucléaire pour répondre à ses futures besoins en électricité. C\'est pour cette raison que EDF a racheté l\'exploitant nucléaire britannique British Energy en septembre 2008. Début 2013, soit sept ans plus tard, EDF n\'aura toujours pas pris la décision officielle d\'investir dans les deux premiers EPR britanniques. Le feu vert n\'est plus attendu avant le printemps 2013, notamment parce que le gouvernement britannique doit encore prendre des dispositions pour assurer la viabilité économique du nucléaire.• Il faudra quatre ans, au mieux, en Republique TchèqueDeuxième exemple : En République Tchèque, l\'appel d\'offres pour deux réacteurs à Temelin est en cours. Le gouvernement avait décidé dès 1992 de lancer ces constructions. La pré-qualification des fournisseurs s\'est terminée au printemps 2010. L\'électricien prévoit de choisir son fournisseur d\'ici à la fin 2013. Si le calendrier est respecté (ce qui est incertain puisque l\'appel d\'offres est suspendu actuellement après le recours introduit par Areva, éliminé actuellement), la procédure aura pris quatre ans.• L\'Arabie saoudite se prépare... depuis 2010Autre exemple : l\'Arabie Saoudite. Le Conseil de coopération du Golfe a décidé fin 2006 de lancer des études de faisabilité pour un programme de nucléaire civil. En 2010, le royaume a crée l\'organisme chargé de ce programme. En juin 2011, les dirigeants ont officiellement annoncé qu\'ils «s\'apprêtaient à lancer un appel d\'offres international» pour 16 réacteurs. En avril 2012, ils indiquaient que dans «quelques mois» serait précisée... la part que le royaume entendait allouer au nucléaire d\'ici 2020 et surtout 2030... L\'appel d\'offres n\'est toujours pas lancé.• En Finlande et aux Emirats, les appels d\'offres ont été menés en deux ans maximumD\'évidence, ce sont les phases en amont des procédures qui sont très longues. Une fois lancés, les appels d\'offres peuvent aller relativement vite. Il faut compter deux ans au minimum. Comme à Abu Dhabi, où la consultation internationale s\'est déroulée de début 2008 à fin 2009. En Finlande, l\'appel d\'offres où Areva a été choisi pour OL3 a été rondement mené en 18 mois, de septembre 2002 à décembre 2003. Le gouvernement et le parlement avaient, en amont, franchi plusieurs étapes législatives.• En Pologne, Areva mise sur une décision en 2015En Pologne, Areva table sur une décision en deux ans, après un appel d\'offres en 2013. Cet appel d\'offres doit cependant «être prochainement lancé» depuis début 2011. Le délai est d\'autant plus long dans les pays qui font leur premier pas dans le nucléaire. Mais pas seulement, comme en témoignent l\'exemple britannique ou sud-africain. Pretoria avait lancé puis annulé un appel d\'offres fin 2008. Depuis, tous les fournisseurs, dont Areva, sont dans les starting blocks...• En Inde, la signature n\'est toujours pas en vue, alors qu\'elle était \"imminente\" en 2008  Même dans les procédures de sélection sans appel d\'offres («de gré à gré»), les délais peuvent s\'allonger indéfiniment. Comme EDF en Grande-Bretagne ou encore comme en Inde. Areva annonçait en octobre 2008 que le groupe allait signer «prochainement un protocole d\'accord en vue de la fourniture à l\' Inde d\'au moins deux réacteurs EPR». Cinq ans après, ce n\'est toujours pas fait. Et pas imminent, selon Luc Oursel. 
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