« L'Élixir d'amour » enivre l'Opéra de Lille

Déjà, il y a la musique. Et quelle musique ! En créant « l'Élixir d'amour » en 1832, Gaetano Donizetti signe, là, en effet, l'un de ses meilleurs opéras. ?uvre qui rencontrera d'ailleurs un grand succès lors de sa sortie. Enlevée, brillante, endiablée, la trame musicale nous entraîne tout au long du spectacle vers les méandres les plus appréciables de l'opéra : un sentiment de jubilation extrême. Pas un temps mort pour les chanteurs, pas une baisse de rythme, « l'Élixir d'amour » fonce vers cette conclusion philosophique qui faisait déjà fureur du temps du compositeur : les femmes sont vénales et les hommes d'horribles machos. Avec cette nuance près que l'héroïne, Adina, jeune donzelle libre et cultivée, finira bel et bien par tomber amoureuse du jeune Nemorino aussi inculte qu'énamouré. Et ce, sans l'aide d'un philtre d'amour qu'un charlatan leur a pourtant fait ingurgiter. Ce qui fait dire au metteur en scène de ce spectacle, Richard Brunel, que « sous une apparente légèreté, « l'Élixir » est en fait un voyage dans les méandres des sentiments, une radiographie des ressorts amoureux, un parcours dans la complexité de l'âme humaine ». Avec cette ficelle pourtant assez épaisse, Adina commencera à regarder Nemorino lorsque celui-ci finira par s'intéresser aux yeux d'autres donzelles... Olga Peretyatko dans le rôle d'Adina et Bülent Bezdüz dans celui de Nemorino sont excellents. Leurs voix sont idéales pour Donizetti qui demande de grandes qualités de dextérité et de nuances dans le phrasé. Seul bémol, le choeur chante parfois trop fort quitte à couvrir la performance des rôles principaux. Et ce, alors que le choeur est plutôt là pour accompagner, mettre en valeur les solistes. L'orchestre dirigé par Antonello Allemandi est sobre et bien tenu.La mise en scène de Richard Brunel a situé l'intrigue dans les années 1960 dans une ferme agricole où se mêlent fermiers et militaires. Une « modernisation » à laquelle nous sommes maintenant habitués, la dernière en date, celle de Laurent Pelly à la Bastille ayant replacé les protagonistes dans une Italie mussolinienne. Ici, l'ambiance un peu figée au début du spectacle gagne en aisance par la suite et met intelligemment en relief le rôle du docteur, le fameux charlatan. Bref, on sautille, on bat la mesure et l'on savoure chaque note. Que demander de plus lorsque l'on va à l'opéra ?Pascale Besses-Boumard« L'Élixir d'amour » de Gaetano Donizetti. Opéra de Lille, 2, rue des Bons-Enfants. Jusqu'au 27 janvier à Lille. En février à Saint-Étienne, mars à Rouen, mai à Nantes, novembre à Limoges. www.opera-lille.fr.
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