Le repli de la demande des investisseurs lors de l'adjudication espagnole a déçu les marchés

Malgré des taux d'emprunt inférieurs au marché, les obligations d'État espagnoles ont pâti de la baisse de la demande des investisseurs lors de l'adjudication à long terme de Madrid. Évoluant en sens inverse des prix, le taux à 10 ans espagnol a pris jusqu'à 7 points de base, à 5,40 %, avant de diminuer à 5,36 % dans le sillage de statistiques économiques américaines mitigées. Entraîné par le taux espagnol, le taux portugais a augmenté de 6 points, à 7,46 %, alors que la référence allemande se repliait de 5 points, à 3,18 %.L'Espagne a émis ce jeudi 3,5 milliards d'euros d'obligations, dans le milieu de la fourchette initiale de 3 à 4 milliards, en abondant deux souches déjà en circulation. Madrid a ainsi placé à un taux moyen de 5,2 % 2,5 milliards d'euros de titres arrivant à maturité en octobre 2020, qui avaient été émis mi-décembre à 5,44 %. Le Trésor espagnol a par ailleurs adjugé à 5,95 % pour 998 millions d'obligations d'échéance janvier 2037, des titres émis pour la dernière fois en février 2010 à 4,80 % dans des conditions de marché totalement différentes. La dernière émission comparable en termes de maturité avait été réalisée le 18 novembre dernier, quand l'Espagne avait placé environ 1 milliard d'euros de titres à échéance 2041 à 5,48 %. À l'époque, le taux à 30 ans sur le marché oscillait autour de 5,57 %, contre plus de 6 % aujourd'hui.« Compte tenu des niveaux de taux auxquels ont été placés les titres, la vue d'ensemble est plutôt favorable », estime Chiara Cremonesi, stratégiste taux chez UniCredit. La ligne 2020 a été placée à un taux en ligne avec celui du marché, tandis que la souche 2037 a été adjugée « sous le niveau du marché secondaire avant l'opération et sous les 6 % », souligne-t-elle avant d'ajouter que « les marchés se sont concentrés sur la demande plus faible que d'habitude ». La demande a en effet totalisé 5,3 milliards d'euros, soit un ratio de couverture de 1,5 pour les deux opérations. Si un ratio de 1,5 reste tout à fait raisonnable, il a en revanche empêché l'Espagne d'émettre le maximum de dette possible, alors que se profilent doucement les 15,5 milliards d'euros de remboursements de dette du mois d'avril.Dans un contexte de marché toujours tendu, émettre 4 milliards d'euros aurait pu s'avérer risqué. Le ratio de couverture espagnol se serait, en effet, rapproché de 1, ce qui aurait davantage inquiété les investisseurs quant à la capacité de l'État à pouvoir refinancer sa dette. Au total, Madrid doit émettre 93 milliards d'euros de dette à long terme cette année pour couvrir son déficit et ses échéances. Julien Beauvieux
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