Bruxelles se méfie de l'optimisme budgétaire des états membres

Quand les gouvernements européens ont un peu trop bon moral, Bruxelles commence à s'inquiéter. La Commission juge peu crédibles les prévisions de réduction des déficits dans la plupart des pays européens. La France notamment, mais aussi l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas comptent trop sur la reprise économique. Hormis l'Estonie, les 14 capitales examinées par Bruxelles affichent des prévisions de croissance pour 2011 nettement supérieures aux calculs de la Commission. D'une manière générale, « les hypothèses de croissance sous-tendant les projections budgétaires sont jugées plutôt optimistes, ce qui signifie que les résultats budgétaires pourraient se révéler moins bons que prévu », considère Bruxelles. Le gendarme budgétaire demande donc aux gouvernements de prévoir davantage d'efforts pour remplir leurs objectifs de baisse des déficits et de réduction de la dette, au cas où la croissance serait moins forte qu'espéré. La France table sur un scénario de croissance de 2,5 % à partir de l'an prochain, ce qui lui permet d'envisager un retour de ses déficits sous la barre fatidique des 3 % dès 2013. Bruxelles y voit un voeux pieux, qualifiant ces hypothèses de « très optimistes » et tablant de son côté sur une croissance française de 1,5 % en 2011. Le ministre du Budget Eric Woerth rétorque que « ce n'est pas en professant le pessimisme qu'on sort de la crise » et préfère voir ses chiffres comme des prévisions « volontaristes  ». Peut-être, mais pour Bruxelles : la stratégie française « ne laisse aucune marge de sécurité si la situation économique évolue moins bien que prévu ». Tout comme la majorité des pays européens, la France est donc invitée à « préciser la stratégie budgétaire qui lui permettra de corriger son déficit excessif et de réduire sa dette », avant le 2  juin. Les services de la Commission sont curieux d'en savoir plus sur l'emprunt public lancé par Nicolas Sarkozy et de connaître les « décisions extrêmement importantes » promises par le chef de l'état pour contenir les déficits. Yann-Antony Noghès, à Bruxelles
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.