Pourquoi Air France créera une coentreprise avec la compagnie russe

Les grandes ambitions d'Aeroflot confortent les certitudes d'Air France-KLM. Le partenariat commercial entre les deux compagnies, toutes deux membres de l'alliance Skyteam, doit être le plus fort possible pour à la fois profiter du fort potentiel du marché russe et empêcher tout renversement d'alliance d'Aeroflot au profit d'un concurrent. Or, Malgré une longue coopération sur la seule ligne Paris-Moscou et la décision d'Aeroflot de rejoindre l'alliance d'Air France Skyteam en 2004, les deux compagnies n'ont réellement commencé à approfondir leurs liens qu'en mars 2010. A ce moment- là, Air France a pu enfin commercialiser des vols en Russie au-delà de la capitale russe, grâce à un accord de partage de codes lui permettant de placer ses numéros de vols vers six destinations exploitées par Aeroflot au départ de Moscou. En contrepartie, Air France aide (avec le même procédé) Aeroflot à se développer en France. Cet accord peut même s'étendre à terme à une vingtaine de villes russes. « Nous sommes satisfaits de ce partenariat », assure le directeur général d'Aeroflot, Vitali Saveliev, qui a rencontré son homologue d'Air France-KLM le 8 avril à Paris.Partage des coûts et recettesPour autant, il est clair qu'à l'avenir il faudra aller plus loin. Et la question de la création d'un joint-venture se posera de manière insistante. Sans liens capitalistiques dans le transport aérien, cette notion de co-entreprise consiste à partager les coûts et les recettes sur un plan de vols défini en commun avec des horaires et des tarifs harmonisés. Soit le plus haut degré possible d'une alliance commerciale entre compagnies. Avec une interpénétration des systèmes qui rend quasiment impossible toute velléité de quitter l'alliance. « Cela permet à Air France de sécuriser ses positions sur les marchés clés, explique un observateur. Mais aussi de ne pas être impacté par une différence de coûts défavorable. » C'est d'ailleurs la stratégie déployée par Air France-KLM avec ses partenaires originaires d'un grand pays. C'est le cas aujourd'hui avec l'américaine Delta, un exemple appelé à être reproduit en Chine, en Inde, en Amérique du Sud, et forcément, tôt ou tard, en Russie. L'idée a déjà été évoquée. « Air France nous a proposé de créer un joint-venture [...], explique Vitali Saveliev, mais la décision n'est pas simple à prendre car il faut trouver un calendrier pour prendre une décision. Pour l'heure, un joint-venture est pas notre priorité. » Elle le deviendra forcément quand Aeroflot aura pris de l'envergure. Peut-être un sujet de discussion lors de la prochaine entrevue entre les deux patrons d'Air France-KLM et Aeroflot, en juin. F. G.
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