L'Elysée le savait. Aucune organisation syndicale n'allait se réjouir officiellement du contenu du « document d'orientation sur la réforme des retraites » qui leur a été envoyé par le ministère du Travail dimanche soir. « Le gouvernement est resté sur l'idée que la seule solution passe par l'âge légal et la durée de cotisation. On ne peut pas être satisfait », soulignait, lundi à « La Tribune », Eric Aubin, de la CGT. « Le gouvernement nous écoute. Mais les réponses à nos demandes ne sont pas précises », regrettait, de son côté, Jean-Louis Malys, de la CFDT. Mais par-delà ces réactions officielles, l'exécutif espère avoir créé une brêche dans l'unité syndicale. Dans son document d'orientation, il s'est, en effet, employé à envoyer un signe à chaque organisation. Le volet « pénibilit頻 et la création d'une contribution supplémentaire sur les hauts revenus et les revenus du capital visent tout particulièrement la CGT. Les allusions au dispositif « carrières longues » ou aux polypensionnés sont, en revanche, dédiées à la CFDT. Nul doute que la concertation, qui reprend dès ce mardi entre Eric Woerth et les leaders syndicaux et patronaux, sera une nouvelle occasion de tester et de rassurer les uns et les autres. Un enjeu de taillePour l'exécutif, l'enjeu est de taille. Jusqu'à maintenant, malgré leurs divergences de fond, Bernard Thibault (CGT) et François Chérèque (CFDT) se sont employés à afficher un front relativement uni face au gouvernement. Le 27 mai, leurs deux organisations appellent, avec l'Unsa, Solidaires, la FSU et probablement la CFTC, à des manifestations nationales pour peser sur la réforme des retraites. Ce premier test sera observé avec attention par l'Elysée, qui se refuse à minimiser la grogne au vu des cortèges relativement réduits du 1er mai. De leurs côtés, les syndicats ? CGT en tête ? entendent bien montrer leurs muscles à cette occasion, même s'ils savent qu'en livrant un document d'orientation flou, le gouvernement les a privés d'un slogan simple pour mobiliser. Autre échéance cruciale, le congrès de la CFDT qui se déroulera à Tours du 7 au 11 juin. Jusque-là, l'alliance CGT-CFDT tiendra. Au-delà, la stratégie de la division du gouvernement pourrait bien l'emporter... A. L.

latribune.fr

17 Mai 2010, 23:24

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