L'Europe s'inquiète d'une percée de l'agriculture latino-américaine

Avant même l'ouverture officielle, ce lundi à Madrid, du sommet Union européenne-Amérique latine, les grands pays agricoles du Vieux Continent, relayés par les fédérations professionnelles du secteur, annonçaient la couleur : pas question de céder sur l'agriculture. Pourtant, c'est bien la reprise de négociations commerciales entre l'Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay), visant à libéraliser des échanges marqués par une forte composante agricole qui devait être scellée à cette occasion. La France en tête, dix pays agricoles, dont la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, l'Irlande, se sont prononcés contre la réouverture des discussions, suspendues depuis 2004 en raison de différends sur ... l'agriculture. « La reprise des négociations avec le bloc commercial de l'Amérique latine enverrait un signal très négatif au secteur agricole européen qui est confronté à de nombreuses difficultés », lançait dans un communiqué la Copa-Cogeca, représentant les agriculteurs et coopératives agricoles européennes. « Du fait de coûts fixes particulièrement bas - que ce soit la terre, très bon marché en Amérique latine, ou les coûts salariaux, sans comparaison avec ceux de l'Europe, les pays du Mercosur bénéficient d'avantages compétitifs énormes », soutient Pekka Pesonen, sécrétaire général de la Copa-Cogeca. Le coût d'un steakLe prix de revient d'un steak serait ainsi deux fois plus élevé en Europe qu'en Argentine, selon lui : « Au point que même lorsqu'ils dépassent les quotas en place dans l'UE, subissant ainsi l'application de tarifs douaniers plus élevés, les producteurs latinos restent compétitifs ! » Et ce d'autant que, contrairement à leurs homologues européens, ils ne sont pas soumis à des contraintes fortes - traçabilité des produits ou respect de l'environnement -, relève encore le porte-parole des producteurs européens. Evidemment, les agriculteurs du Mercosur militent, eux, pour une baisse des tarifs et des quotas. « Il est normal que nous demandions sur l'agriculture des contreparties aux efforts d'ouverture que nous ferons sur les produits industriels », indique-t-on du côté brésilien. En théorie, un équilibre semble possible, les Européens guignant un marché à fort potentiel pour leurs produits industriels et les pays du Mercosur visant de nouveaux débouchés pour leur agriculture triomphante. Dans les faits, l'accord pourrait prendre du temps. Lysiane J. Baudu
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.