La Hongrie se prépare à taxer banquiers et assureurs

Les banquiers et les assureurs attendent de savoir combien va leur coûter la nouvelle taxe qu'a décidé d'instaurer le gouvernement hongrois. Deux semaines après les élections législatives qui l'ont porté au pouvoir, le Premier ministre Viktor Orban (élu du parti Fidesz, centre droit) a déjà annoncé son intention d'obtenir 200 milliards de forints (840 millions d'euros) grâce à cette nouvelle taxe, qui pourrait être appliquée pendant deux ans. Les fédérations de la banque et de l'assurance ont rencontré mercredi après-midi les représentants gouvernementaux afin de discuter de l'assiette et du calcul de ce prélèvement et surtout pour revoir son montant à la baisse.Pour le seul secteur bancaire, le total initialement attendu s'élèverait à 120 milliards de forints (500 millions d'euros). Un montant énorme qui équivaut à la totalité des profits réalisés l'an dernier par OTP en Hongrie, la première banque du pays -et la seule à capitaux majoritairement hongrois. Il représenterait environ 40% de la totalité des bénéfices engrangés par le secteur bancaire. Et même s'il est divisé entre tous les établissements, la banque OTP, compte tenu de sa taille, « paiera la part la plus élevée », estime son directeur financier Laslo Bencsik. La somme prélevée sur le reste du secteur financier et principalement sur les assureurs pourrait s'élever quant à elle à 80 milliards de forints (340 millions d'euros). « Ce montant n'est pas raisonnable », déplore Yann Ménétrier, directeur général de Groupama Garancia Biztosito, filiale du français Groupama et troisième assureur de Hongrie. Cette somme correspond à la totalité des bénéfices avant impôt réalisé par l'ensemble du secteur de l'assurance ont fait valoir les compagnies dans leur négociation mercredi avec le gouvernement. Dans la soirée, l'association nationale des assureurs a toutefois révélé qu'elle serait prête à payer 20 milliards de forints (80 millions d'euros), soit un quart des bénéfices d'une année, en guise de « sacrifice pour contribuer à la réduction du déficit public ».menace de retraitPour convaincre le gouvernement de leur détermination, les assureurs, et même les banquiers n'hésitent pas à agiter la menace d'un retrait de leurs activités en Hongrie si les coûts deviennent insupportables. Les acteurs principaux du marché sont en effet tous filiales de groupes étrangers : notamment Allianz, Groupama, Generali, Axa dans l'assurance ; et côté bancaire, à l'exception notable d'OTP, : Unicredit, Raiffeisen, Este. Deux français, Crédit Agricolegricole et BNP Paribas ont des activités de banque d'investissement. Les institutions financières semblent avoir de bonnes chances d'obtenir gain de cause. Le gouvernement va avoir à coeur de ne pas affaiblir le secteur financier du pays, à l'heure où il lui faut affermir sa crédibilité sur la scène internationale. Il ne reste que quelques mois avant que la Hongrie prenne la présidence de l'Union européenne en janvier 2011. Or, « La taxe sur les banques et assureurs n'a rien d'indispensable pour atteindre l'objectif de 3,8 % de déficit public par rapport au produit intérieur brut imposé par Bruxelles et le FMI » pour 2010, affirme un économiste proche du ministère des finances.840 millions d'euros : c'est ce que devrait rapporter cette nouvelle taxe.
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