« Chine : un mélange compliqué de menace et d'opportunité »

cite>Vallourec vient d'investir en Chine dans une usine de tubes pour les centrales propres. Cela signifie-t-il que la Chine avance en matière d'environ- nement ?Un tiers des nouvelles capacités électriques mondiales devrait être construit en Chine au cours des prochaines années, avec la nouvelle génération de centrales, supercritiques et ultrasupercritiques, plus puissantes et beaucoup moins émettrices de CO2. C'est le signe que les choses progressent en matière d'environnement même si les centrales existantes en fonctionnement restent très polluantes. Cet investissement est pour Vallourec une étape importante, qui nous place en position d'acteur local, apporteur de solutions premium locales à haute valeur ajoutée pour nos clients établis en Chine.Vous avez plusieurs sites en Chine??Oui, mais jusqu'à présent uniquement sur l'aval de notre activité, car la sidérurgie est encore un secteur protégé. Cette politique acier n'interdit pas à un étranger d'investir en Chine, mais, telle qu'elle est formulée, elle présente des risques, par exemple en matière de protection des technologies. Nous espérons que la situation évoluera car la Chine est maintenant le numéro un de l'acier dans le monde.Vous aviez dénoncé voilà quelques mois les dangers de la concurrence chinoise. Vous pensez que la Chine va manger le monde sur le plan industriel??Ce n'est pas ce que je dis. Quand on parle de la Chine, on évoque souvent une monnaie sous-évaluée et des coûts de main-d'oeuvre extrêmement bas. Je pense qu'il faut prendre le problème de façon plus globale. Il n'est pas illégitime que les Chinois aient des salaires bas. Ils sont à un certain stade de développement de leur économie. Il ne faut pas se braquer là-dessus, mais plutôt s'attacher à repérer les éléments de concurrence divergents qui ne sont pas justifiés par leur état de développement lorsqu'ils exportent en dehors de leur territoire. En matière de protection sociale par exemple. Ainsi, de nombreuses entreprises chinoises ne s'occupent pas de la retraite de leur personnel, alors que cela fait partie de notre responsabilité d'entreprise. Autre exemple?: les aides à l'investissement, directes ou indirectes, comme les prêts des banques non remboursés. Ces situations constituent des atteintes au « jeu équitable » de la concurrence internationale et contribuent par ailleurs à la création de surcapacités qui sont dommageables à l'économie chinoise elle-même. Il faut prendre la Chine comme un acteur majeur de demain. Mais aussi d'aujourd'hui. La Chine est déjà très développée, et, dans un certain nombre de domaines comme l'environnement ou la protection sociale, elle peut déjà prendre en charge des responsabilités dans les mêmes conditions que nous. Les choses évoluent très vite d'ailleurs.En matière sociale, justement, les choses bougent, les grèves se multiplient...C'est vrai. Pour l'instant, ces mouvements se produisent essentiellement dans des entreprises étrangères. Preuve sans doute que, dans ces entreprises-là, il y a une amorce de dialogue social, des maisons mères qui acceptent de prendre en compte des standards internationaux. Je n'ai pas encore entendu parler de tels mouvements dans des entreprises chinoises. Cela viendra, lentement. Ce problème renvoie aussi à la grande difficulté du gouvernement chinois à contrôler le surinvestissement dans le pays. Ces investissements mal maîtrisés créent des tensions et une forme de pression sur les salariés.En un mot, vous diriez que la Chine est plutôt une menace ou une opportunité??Je crois que c'est un mélange compliqué des deux. L'opportunité est réelle, mais il ne faut pas la surestimer par rapport à d'autres marchés parce que les prix aussi sont très bas en Chine. La menace est réelle aussi, mais il faut bien la positionner. Ce n'est pas d'abord une question de coût de main-d'oeuvre. La menace, c'est davantage l'ensemble des composantes qui constituent la compétitivité et auxquelles il faut veiller pour s'assurer qu'on se bat sur des bases équitables. Je suis plutôt optimiste car les Chinois sont très pragmatiques.Propos recueillis par Odile Esposito
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