Défense : Comment la France souhaite vendre des armes en leasing

Comment faciliter les exportations d\'armements tricolores y compris vers des pays ayant des difficultés financières passagères ? La France a peut être trouvé une solution. Selon plusieurs sources concordantes, Bercy et quelques banques françaises, poussés par les industriels de la défense, travaillent à l\'élaboration d\'un véhicule financier ad hoc pour faciliter les ventes d\'armes des groupes français en leasing. « Le projet avance bien », précise-t-on à La Tribune. L\'Elysée serait également attentif à ce dossier. « La France manque d\'outils qui lui permette de répondre au cas par cas à la demande de nos clients », explique un bon connaisseur du dossier à La Tribune. Et d\'estimer que « l\'étude menée par Bercy est utile ». A la direction générale de l\'armement, on ne semble en revanche pas trop chaud sur ce type de montage.Depuis l\'arrivée de Jean-Yves Le Drian au ministère de la Défense, il y a une nouvelle prise de conscience de l\'importance vitale que représente l\'exportation pour la pérennité de l\'industrie de défense. « Le soutien aux exportations de défense constituera un volet majeur de la politique industrielle du gouvernement », expliquait d\'ailleurs le ministère de la Défense lors de la présentation cet été de la loi de programmation militaire (LPM). C\'est dans ce cadre que Paris tente de trouver des solutions innovantes. Ces ventes en leasing pourraient, explique-t-on à La Tribune, se réaliser dans le cadre d\'une politique de « pooling and  sharing » en Europe. Comment ? « Une partie des missions pourraient être partagés entre la France et le pays client », note un industriel. Du coup, A400M, hélicoptères, frégates FREMM et corvettes de type Gowind pourraient trouver plus facilement preneur.Des FREMM en leasing à la GrèceLe groupe naval DCNS étudie depuis plusieurs mois la vente en leasing de deux frégates multimissions FREMM à la Grèce, qui aujourd\'hui ne peut pas se payer un achat sec en raison de ses finances exsangues. D\'autant que la marine grecque, qui lorgne depuis longtemps sur les FREMM, voulait initialement s\'offre six frégates multimissions françaises (au-delà de 2,5 milliards d\'euros). Les frégates seraient à l\'identique de celle de la marine française, qui aura elle onze frégates FREMM, dont six auront été livrées fin 2019. Mais le choix de la définition des trois dernières n\'interviendra qu\'en 2016. D\'où un doute pour DCNS qui souhaite se mettre à l\'abri d\'une éventuelle réduction de cible et propose ainsi à la Grèce des frégates identiques à celle de la Royale. Selon nos informations, le leasing coûterait à Athènes 50 millions d\'euros par an et par bâtiment. Une option de rachat serait proposé au bout de dix ans. Et Paris propose à Athènes une coopération opérationnelle en vue de partager les missions des frégates grecques et françaises.De toutes façons, Athènes a un besoin urgent de renouveler sa flotte très vieillissante de frégates néerlandaises Elli (10 exemplaires) pour notamment s\'opposer à la marine turque, qui entre très régulièrement dans ses eaux territoriales. D\'autant que la Grèce espère également beaucoup de ses dernières recherches en pétrole au large de ses côtes. Les Etats-Unis, qui sont en train de décommissionner un certain nombre de frégates de classe OH Perry, sont également sur les rangs pour fournir à la Grèce du matériel d\'occasion à bon prix. Ce qui fermerait alors le marché grec à DCNS, qui avait noué une relation de coopération avec le chantier grec Elefsis, pendant au moins vingt ans. Bien sûr, Berlin regarde également ce dossier avec vigilance.Des corvettes Gowind en leasing à ChypreDCNS a également proposé à Chypre la vente en leasing de deux corvettes de type Gowind, qui seraient affectées à la surveillance des champs gaziers et pétrolifères récemment découverts au large de Nicosie. La DGA, en dépit de ses réticences, aurait été mandatée pour trouver un arrangement technique. Le patrouilleur hauturier L\'Adroit, développé sur fonds propres par DCNS, a même fait escale à Limassol en janvier 2013 à l\'occasion d\'une mission d\'inspection des pêches durant la campagne annuelle de pêche au thon rouge.Israël, qui a signé un certain nombre d\'accords avec les Chypriotes depuis la découverte de champs de gaz et de pétrole dans cette partie de la Méditerranée, sont également sur les rangs pour fournir des bâtiments à la marine chypriote.Exportations françaisesLes exportations d\'armement représentent en effet plus de 30 % des 15 milliards d\'euros de chiffre d\'affaires du secteur de l\'industrie de défense dans l\'économie française et sont donc à la fois un signe et un facteur de sa compétitivité. « Elles passeront de plus en plus par la mise en œuvre de coopérations industrielles et techniques au service de partenariats stratégiques et des relations globales de défense que la France entend développer », avait rappelé en août le ministère de la Défense. En revanche, il a également précisé que les procédures de contrôle des ventes d\'armement et de technologie sensibles seront renforcées et adaptées aux évolutions des technologies, le rassemblement des différents instruments de contrôle sous une même autorité fera l\'objet d\'un prochain rapport au Premier ministre.
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