Le crottin de cheval pour chauffer les logements

ÉnergieÀ Chantilly (Oise), la plus grande concentration de chevaux (de course, de centres équestres ou de polo) en Europe, « 73 PME du cheval » se sont rassemblées en une coopérative d'utilisation du matériel agricole (Cuma), maître d'ouvrage d'un projet de méthanisation des déchets produits par les quelque 3.200 chevaux. L'interprofession vise la valorisation de 30.000 tonnes de fumier sur paille de blé par an, de 12.000 tonnes de fumier sur copeaux de bois et de 6.000 tonnes de déchets verts non ligneux, pour produire annuellement 8.800 MWh électriques et 10.000 MWh thermiques permettant de chauffer plus de 2.000 logements. L'unité serait construite à Chantilly sur le site du Mont-de-Pô, visité la semaine dernière par le maire de Chantilly et président de la Communauté de communes de l'aire cantilienne, Éric Woerth.crainte de nuisancesDe quoi bouleverser l'industrie du fumier. Il y a trente ans, les propriétaires d'écuries le vendaient aux producteurs de champignons locaux. Aujourd'hui, ils paient pour le faire envoyer aux producteurs d'Île-de-France, de Saumur et de Belgique. « D'un million de kilomètres par an, les trajets entre les écuries et l'usine vont passer sous les 40.000 kilomètres », plaide Bruno Battistini, porte-parole de la Cuma. Les écologistes s'opposent néanmoins au projet par crainte des risques d'explosion et des nuisances olfactives.Le fumier « frais » ? jugé non odorant par les professionnels ? est broyé et placé à l'abri de l'air dans une étuve à 55 degrés pendant trois semaines. L'électricité issue du biogaz qui en résulte est revendue à EDF à 14 centimes d'euro le kilowattheure, un tarif proche du prix moyen du marché (10,33 centimes d'euro) et très inférieur à celui en vigueur pour le solaire ou l'éolien. Le granulé sec produit par séchage du fumier sur copeaux de bois grâce à l'énergie thermique dégagée pourrait alimenter des chaudières de proximité. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), la Région et le Fonds européen de développement régional (Feder) seront sollicités pour couvrir le coût de cette usine pilote, estimé à 17 millions d'euros.Claire Garnie
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