Rupture consommée entre le Medef et l'agroalimentaire

PatronatLe débat a duré plus de deux heures, mais la décision est sans appel. Jeudi, en fin de matinée, par 18 voix contre 12, le conseil d'administration de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) a choisi de quitter le Medef. Une décision choc, pourtant sobrement accueillie par Laurence Parisot. « Plus que jamais, les entreprises de France, petites, moyennes et grandes, ont besoin d'être solidaires, unies et soudées en cette période de crise », souligne la présidente du Medef dans un communiqué.La menace planait depuis plusieurs jours. Et Laurence Parisot avait tenté de convaincre cette grosse fédération ? la onzième en termes de cotisation versée ? de continuer à siéger dans les instances de l'avenue Bosquet. Elle a notamment fait valider lundi dernier par son conseil exécutif une ristourne de 6 % sur les cotisations dues par ses adhérents en 2010 pour désamorcer la principale critique officielle des industriels de l'agroalimentaire : le mauvais rapport qualité/prix des quelque 623.000 euros versés annuellement par l'Ania au Medef. En vain.Une majorité d'industriels de l'agroalimentaire a estimé que le service rendu ne valait pas d'y consacrer 15 % du budget. « Beaucoup de PME chez nous trouvent que le Medef est loin de nos préoccupations », soulignait, jeudi, Jean-René Buisson, le président de l'Ania. Et d'en appeler à une refonte en profondeur du système de représentation patronale. « Il faudra remettre à plat ce mode de représentation qui date d'avant-guerre. Et je pense que cette préoccupation n'est pas spécifique à l'Ania », reprend Jean-René Buisson, qui n'exclut pas de mettre aussi sur la table la question de l'adhésion de l'Ania à la CGPME, même si la cotisation versée à ce titre est « symbolique ».ProvisionMalgré sa décision, qui sera effective dès le 1er janvier 2010, l'Ania a pris soin de ne pas insulter l'avenir. Le conseil d'administration a, en effet, décidé de provisionner, sinon tout, du moins une large part des 600.000 euros prévus pour le Medef. « Si, dans un an, nous souhaitons réadhérer au Medef pour telle ou telle raison, il sera impossible de redemander 600.000 euros à nos cotisants. Il n'est donc pas choquant de provisionner », reprend le président de l'Ania. Dans un an, en effet, la situation aura profondément changé. L'élection étant prévue à l'été 2010, la « patronne des patrons » saura si elle est reconduite pour un second mandat de trois ans. Jean-René Buisson, en poste depuis six ans et dont la mission vient à échéance à la même date, aura décidé s'il garde ou non sa fonction à la tête de la fédération de l'agroalimentaire. Quoi qu'il en soit, il pourra inscrire à son bilan d'avoir brisé un tabou dans un monde patronal habitué à régler ses différends en privé plutôt qu'en public.
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