« Saint Laurent, mauvais garçon »

C'est le livre dont tout le milieu de la mode va parler. Écrit par Marie-Dominique Lelièvre, biographe et portraitiste remarquable de Gainsbourg, cet ouvrage non autorisé sur la vie de Saint Laurent va faire scandale.Pour mettre en lumière, au-delà du mythe, la vraie personnalité d'Yves Saint Laurent, Marie-Dominique Lelièvre a exploré, enquêté, interviewé plus de cinquante personnes proches du créateur. Les uns et les autres lui ont révélé sa part d'ombre. Dans les années 1970, cet homme sensible, homosexuel, épris de liberté sexuelle, s'est livré à toutes les frasques. Masochisme, héroïne, cocaïne? L'auteur décrit jusqu'où le créateur a repoussé les limites pour s'amuser, mais aussi pour échapper à la pression. L'angoisse de renouveler, quatre fois par an, la magie et le succès qu'il a connus, très jeune, à 20 ans, le dévore. Le créateur s'enfonce dans la drogue, l'alcool, les médicaments, l'autodestruction.TabouDans le milieu de la mode, chacun savait, mais il était convenu de ne rien dire. Ce livre lève le tabou. Dans « Le Journal du dimanche » du 17 janvier, Pierre Bergé, qui a refusé de participer et a même demandé à quelques-uns de leurs proches de ne pas répondre (dont Betty Catroux, l'amie fidèle) reconnaît qu'il ne l'a pas lu, mais il condamne à l'avance. En personnage public qui a toujours défendu la liberté d'expression, il ne peut faire interdire la biographie ; il considère que la biographe ne relaie que des ragots. C'est faire peu de cas d'une journaliste de premier ordre. Et encore plus de Brigitte, la s?ur d'Yves Saint Laurent, de Loulou de La Falaise, d'Alain Minc, de Laure Adler, de Simone, l'amie d'enfance, etc. Sa réaction se comprend. Avec Yves Saint Laurent, « l'amour de sa vie », ils ont bâti un empire financier, une fortune, mais aussi écrit l'une des plus belles pages de l'histoire de la mode. Lui qui déclare vouloir tout contrôler (il publiera le 4 mars « Lettres à Yves » chez Gallimard, avant la rétrospective YSL organisée à partir du 12 mars au Petit Palais), ne goûte guère que l'on vienne noircir le mythe qu'il s'emploie à préserver.Mais « Saint Laurent, mauvais garçon » ne se limite pas à la seule polémique. Marie-Dominique Lelièvre, avec son style enlevé, fait revivre sous sa plume les grands moments de l'histoire de la mode. L'amour d'Yves Saint Laurent pour les tissus, les femmes qu'il habille, son respect et son admiration pour les premiers d'atelier qui mettent tout leur talent au service de son imagination? Ne serait-ce que pour les seules pages consacrées à la préparation de la collection russe de l'automne-hiver 1976, ce livre est une merveille. Un instantané de beauté, tout aussi éphémère qu'inoubliable. Isabelle Lefort
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