Les valeurs de l'intérim intègrent déjà la reprise économique

La reprise économique se fera-t-elle sans emploi ? A priori non, si l'on en juge par les dernières statistiques sur le marché du travail temporaire. Ce lundi, dans le cadre de son enquête de conjoncture mensuelle, la Banque de France a souligné la poursuite du redressement de l'intérim, en décembre. Une tendance qui s'observe également de l'autre côté de l'Atlantique : le marché du travail temporaire a recommencé à croître depuis quatre mois, aux États-Unis, indique la banque Citi dans une récente étude.plus de flexibilitéSi la situation du secteur s'améliore, c'est parce que les économies américaine et européenne sont sorties de récession. Or, durant cette dépression, les entreprises avaient licencié à tour de bras afin de s'adapter à la baisse de la demande. « Les entreprises américaines se sont montrées particulièrement dures sur le plan des licenciements », constatent les stratèges de Lazard Frères Gestion. Et de conclure : « Si l'économie américaine se remet à croître au rythme de 3 %, les entreprises ne pourront pas tenir plus de deux trimestres sans recruter. » De fait, un tiers des dirigeants des sociétés américaines interrogés par le cabinet de ressources humaines AppleOne déclarent vouloir augmenter leurs effectifs, cette année. Et 10 % seulement pensent licencier encore, en 2010.Ces projets d'embauche conduiront d'abord au recrutement d'intérimaires. « Pour les entreprises, il s'agit là du moyen le plus sûr de profiter de la croissance, tout en gardant une certaine flexibilité et un bon contrôle de leurs coûts », explique AppleOne. Qui ajoute : « C'est seulement lorsqu'elles auront confiance dans la stabilsation de l'économie que les sociétés recommenceront à embaucher des salariés en contrat à durée indéterminée. »La plupart des économistes prédisant une reprise très progressive, les groupes de travail temporaire semblent donc avoir de beaux jours devant eux. Si bien que les analystes de Credit Suisse viennent d'entamer le suivi d'Adecco, avec une recommandation « surpondérer » sur le titre du groupe suisse, numéro un mondial de l'intérim. Il faut dire que l'impact de l'amélioration du marché du travail temporaire sera d'autant plus fort sur les résultats des sociétés du secteur que ces dernières ont fortement réduit leurs coûts, ces derniers mois.Seul bémol : la valorisation boursière du secteur. Avec une activité étroitement corrélée au produit intérieur brut, les groupes d'intérim n'ont pas échappé au rally boursier des valeurs cycliques, l'an dernier. L'action Adecco a grimpé de 80 % au cours des douze derniers mois, alors que les rebonds du Dow Jones Euro Stoxx 50 et du S&P 500 se sont limités à 29 % et à 34 %. Mieux, le cours de l'américain Manpower s'est envolé de 86?%, et celui du néerlandais Randstad, de 153 %. Les petites françaises Synergie et Crit n'ont rien à envier à leurs grandes s?urs, avec des progressions de 107 % et de 141 %. Revers de la médaille, ces sociétés se paient entre 1,3 et 3 fois leur actif net. C'est un euphémisme de dire que leurs valorisations intègrent le redressement de leur activité.
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