L'euro devient le mal-aimé du marché des changes

Haro sur l'euro. La monnaie unique ne cesse de s'affaiblir contre toutes ses grandes rivales depuis le rappel à l'ordre de la Grèce dont le déficit public dérape et les mises en garde de l'agence Moody's sur les difficultés auxquelles certains souverains de la zone euro seront confrontés, évoquant même dans le cas de la Grèce et du Portugal un risque de « mort lente ». Les mouvements de change qui affectent l'euro ne sont ni brutaux ni désordonnés, mais il est en passe de devenir le mal-aimé des intervenants du marché. C'est ainsi que le dollar se négociait lundi à ses meilleurs niveaux depuis une semaine, oscillant entre 1,4330 et 1,4390 pour 1 euro et que le yen, pourtant victime d'une désaffection grandissante, menaçait de refranchir le seuil de 130 pour la première fois depuis près d'un mois. Le franc suisse s'est également nettement raffermi vis-à-vis de l'euro, en dépit des menaces d'interventions sur le marché des changes lancées par le nouveau président de la Banque nationale suisse (BNS), Philipp Hildebrand, qui comme son prédécesseur, Jean-Pierre Roth, souhaite éviter à tout prix une appréciation de la monnaie helvétique, jugée contre-productive pour un pays dont la croissance est tirée par les exportations. Depuis mars 2009, la BNS était parvenue à empêcher que son franc ne franchisse durablement le cap de 1,50 pour 1 euro, via des incursions récurrentes sur le marché, directes ou voilées, par le truchement de la BRI, la Banque des règlements internationaux. Or, il s'échange au-dessus de ce seuil depuis maintenant un mois et se rapproche désormais à nouveau de celui de 1,47. Enfin, et c'est plus net encore, l'euro est tombé lundi à son plus faible cours depuis quatre mois par rapport à la livre sterling qui, il y a peu encore, était redevenue la cible des spéculateurs. La monnaie de Sa Majesté s'est hissée au-dessus de 0,88 pour 1 euro, se propulsant jusqu'à 0,8785, après l'annonce d'une hausse des prix immobiliers britanniques, s'ajoutant aux multiples signaux laissant entrevoir une sortie de récession outre-Manche.cancres et bons élèvesLa situation des Seize s'est à ce point dégradée que les Cassandre n'hésitent plus à évoquer un éclatement de l'euro, ou tout du moins l'éviction de ses mauvais élèves à commencer par la Grèce, l'hypothèse « absurde » rejetée d'un revers de manche par Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, la semaine dernière. On ne saurait lui donner tort mais un constat s'impose néanmoins : jamais depuis la naissance de l'euro en 1999, les dérapages budgétaires n'ont été aussi marqués, les ratios dette sur PIB dérivant vers 88 % en 2011 selon les projections de la Commission européenne. Jamais les notes souveraines des États membres n'ont été aussi disparates. Jamais les différentiels de taux à long terme entre cancres et bons élèves n'ont autant divergé. n
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