L'euro renoue avec ses récents démons

Il n'aura fallu que deux jours pour que la reprise de l'euro fasse pschitt. Désormais suspecte, la monnaie unique d'une Europe à plusieurs vitesses est venue revisiter le plancher de neuf mois atteint en fin de semaine dernière, pour ne plus valoir au plus bas dans les transactions de jeudi que 1,3540 dollar, après la tentative de redressement avortée qui l'avait fait rebondir jusqu'à 1,3790 face au billet vert.Et si l'euro n'est pas tombé plus bas, remontant même un peu la pente, il ne le doit qu'au soutien indirect que lui a apporté la banque Nationale Suisse. Soucieuse d'empêcher une appréciation trop rapide de sa monnaie (voir nos éditions d'hier), la banque centrale helvétique était fortement soupçonnée hier d'être intervenue sur le marché des changes en achetant des euros contre des francs suisses.Les rapports de force entre les deux protagonistes du couple vedette du marché des changes sont désormais clairement en faveur du dollar, dont le sursaut tient à au moins deux raisons propres, auxquelles s'ajoutent les failles désormais révélées au grand jour de la zone euro, au travers de la crise financière inédite de la Grèce. D'abord, les décalages économiques entre les deux pôles que représentent le dollar et l'euro sont de plus en plus manifestes. L'un redémarre, l'autre piétine et, si l'on se réfère à l'histoire récente, cela suffirait à porter l'estocade à la monnaie des Seize. Dernières statistiques américaines en date, l'indice des indicateurs avancés, compilé par le Conference Board, censé préfigurer l'activité économique des six mois à venir, a progressé pour le dixième mois consécutif, affichant une croissance de 0,3 %, dans un contexte de flambée des prix mesurés par l'indice des prix à la production, qui a fait un bond de 1,4 % en janvier. Raison de plus pour la Réserve fédérale américaine d'accélérer les mesures de sortie de crise. Et c'est le deuxième facteur de soutien du dollar, car c'est ce qu'elle laissait entendre dans les minutes de sa réunion des 26 et 27 janvier, rendues publiques mercredi soir. Il s'agit même « d'une réelle rupture dans la communication » de la Fed, d'après Christian Parisot, le directeur de la recherche d'Aurel BGC. Car les sages du conseil de la Fed évoquent clairement les différentes stratégies à mettre en oeuvre et l'utilisation de nouveaux instruments de reprise de liquidités et de réduction de la taille du bilan de la banque centrale. Elle est prête notamment à revendre rapidement une partie des actifs financiers achetés durant la crise et à relever son taux d'escompte, le taux d'urgence de refinancement des banques, actuellement fixé à 0,50 %. La Fed le majorerait d'un quart de point, creusant à 50 points de base l'écart avec le taux cible des fonds fédéraux, son principal taux directeur, avec lequel elle maintenait traditionnellement un différentiel de 100 points avant la crise. n
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