La finance islamique peine à dépasser la crise de Dubaï

GE Capital, la branche financière de General Electric, a créé l'événement à la fin de l'année dernière dans le monde de la finance islamique, en étant le premier grand groupe occidental à lancer un « sukuk », à savoir une obligation islamique. Mais si l'initiative a été relayée, et si les encours de la finance islamique sont parvenus à progresser l'an dernier (de 840 à 950 milliards de dollars), elle n'a guère créé l'émulation escomptée. interrogations éthiques« Avant le choc dubaïote, de nombreux émetteurs potentiels de sukuks étaient dans les starting-blocks, sur le point de se lancer dans des émissions de grande taille en Occident mais aussi en Asie et dans le monde arabe », estime Anouar Hassoune, vice-président de Moody's Paris, à l'occasion d'un entretien réalisé par « La Lettre du trésorier », « un grand nombre de ces projets d'émission a été tantôt reporté sine die, tantôt purement et simplement annul頻, ajoute-t-il. Mais si Dubaï a quelque peu freiné le développement de cette finance. Elle n'est pourtant pas seule en cause. Les experts, dont ceux de Moody's, s'accordent en effet sur un point : les atermoiements de ce secteur, notamment sur son cadre conceptuel, existaient déjà avant la crise de l'émirat. Preuve en est, les menaces de défaut qui planaient sur les sukuks de Nakheel, la filiale immobilière de Dubai World, et sur ceux des autres entités du conglomérat, ne se sont finalement pas concrétisées. Grâce à l'aide d'Abu Dhabi, ces obligations n'ont finalement pas fait défaut. En revanche, d'autres, qui n'avaient pourtant rien à voir avec l'émirat, se sont bel et bien retrouvés en situation de défaut de paiement. Parmi eux, The Investment Dar au Koweït, East Cameron Gas Co au Canada, Golden Belt en Arabie Saoudite. La finance islamique se serait bien passée de ce type de publicité. D'autant qu'elle peine encore à se développer. En proie à des interrogations sur son éthique, elle souffre encore souvent du moindre attrait de ses rendements. « La plupart des gérants de fonds d'investissement interrogés continuent de penser que la rentabilité des produits traditionnels est plus élevée, souligne un expert d'Equinox Consulting. D'ailleurs, les fonds souverains des pays du Golfe n'investissent pour l'heure que très peu dans ces produits islamiques, quelques dizaines de pour cent de leur capital, guère plus. » Marjorie Bertouille
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