Voyage

La grosse pomme a toujours ses grands airs. Pas hautaine, ni distante. Non ! Des grands airs de liberté, guidée par un ciel bleu sans nuages, des avenues sans fins et des buildings qui narguent l'ombre et la lumière. New York est un fantasme. On imagine encore Gene Kelly et Ann Miller faire des claquettes sur la terrasse de l'Empire State Building, Woody Allen parcourir les rues comme un dératé, comme s'il venait de perdre l'adresse de son psy et Robert de Niro mater d'un regard mauvais son voisin de bar (« Talking to me ? »). Mais la réalité est là. Les Afro-Américains ont quitté Harlem pour le Queens, et Williamsburg à Brooklyn retape ses vieilles maisonnettes comme si Mary Poppins s'était installée dans le quartier.Pourtant lorsqu'on approche de Central Park, il y a cette odeur de crottin de cheval qui dit que les calèches n'ont pas encore disparu. Mais la ville s'est mise au vert, en transformant une ancienne ligne de train, abandonnée depuis plus de vingt ans en coulée verte, la High Line, en plein West Village (entre la 10e et la 11e Rue). Un premier tronçon a été inauguré en juin dernier de Gansevoort St à la 20th St. Une vraie réussite concoctée par deux artistes, Robert Hammond et Joshua David. Un long chemin où s'épanouissent graminées, herbes folles, arbustes, encadrés par un plancher en bois brut. On peut même profiter de chaises longues au design parfait que l'on pousse sur les rails au gré du soleil.Restons dans la nature et mêlons-y encore l'art en allant au Dia-Beacon (www.diabeacon.org) à 100 km de New York. Une ancienne fabrique de biscuits y a été transformée en musée d'art contemporain. Le lieu n'a que cinq ans d'existence et une notoriété à faire pâlir les grandes institutions. Et il se prête à la méditation. Les oeuvres et les artistes en sont le reflet, Sol LeWitt, Dan Flavin, Richard Serra, Donald Judd... Des pièces monumentales qui pénètrent le regard et donnent à l'espace une dimension presque métaphysique. Il ne faut surtout pas rater celui réservé à Louise Bourgeois. Rarement ses sculptures ont trouvé une place et une atmosphère si évidentes.Le retour à New York vous pousse naturellement vers le New Museum (www.newmuseum.org), ces cubes argentés qui semblent posés les uns sur les autres, imaginés par deux Japonais, Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa sur Bowery. Avenue sur laquelle on aura fait une petite halte dans une boutique hallucinante, celle de la costumière de « Sex and the City », Patricia Fields. On y trouve tout ce qui peut être sexy. De la perruque orange aux sous-vêtements féminins piquetés de faux diamants, qui, comparés à la chasuble en maille de Du Guesclin, la rende douce comme du velours pané.Mais revenons au New Museum. L'art contemporain y trône en maître. Peu d'artistes, mais radicaux dans leur propos comme celui exposé en ce moment, Urs Fischer, qui, a travers un ensemble de photos collages montées sur panneaux de bois, interroge l'image et la publicité. Tout l'espace est transformé en une sorte de champs d'objets, de visages, de paysages.L'art contemporain ne coupe pas pour autant l'appétit. Une adresse s'impose pour déguster le meilleur burger de New York. Le Burger Joint à l'Hôtel Parker Méridien (www.parkermeridien.com), un lieu presque secret. Dans la file d'attente, les Jimmy Choo côtoient les Nike et les manteaux Prada les vestes H&M. Tout ce beau monde s'ignore et n'a qu'un but : atteindre son burger. Enfin arrivé dans l'antre, on découvre une sorte de casemate enfumée aux murs recouverts de signatures. Aux manettes du burger, deux cuisiniers qui font sauter votre viande de la plaque chauffante dans votre assiette (rare) ou dans un paquet à emporter. Et alors le burger ? Bon ! Si tout New York le dit ? New York a toujours raison. Jean-Louis Pinte
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