Deutsche Bahn va déposer une offre sur Arriva

La Reine d'Angleterre va-t-elle bientôt détenir, comme une grande partie des Allemands, une Bahncard, la carte de réduction de la Deutsche Bahn (DB) ? Le groupe allemand veut en tout cas s'imposer sur le marché britannique. Ce jeudi, la DB a en effet confirmé qu'il avait approché le groupe britannique de transport Arriva en vue de son rachat. Une offre en numéraire pourrait être déposée. Selon le « Financial Times Deutschland » qui a révélé l'information, le montant de cette offre pourrait atteindre 2 milliards d'euros. L'action Arriva a bondi de 17 % à la Bourse de Londres.Si cette opération arrivait à son terme, ce serait un rude coup pour la SNCF. Le 5 mars dernier, les discussions entre Keolis, la filiale du groupe français, et Arriva s'étaient soldées par un échec. La Deutsche Bahn prendrait donc un train d'avance. Selon un député allemand présent lors de l'audition récente du patron de la DB Rüdiger Grube, « le marché britannique de passagers intéresse fortement la Bahn en raison de ses prix élevés ». Le groupe allemand est déjà présent outre-Manche où il gère l'opérateur de fret, Schenker Rail UK, et quelques lignes de passagers. Avec Arriva, il deviendra le premier opérateur de transport britannique, car le groupe gère un immense réseau de bus (dont 20 % des bus londoniens), les chemins de fer gallois et les lignes Crosscountry, qui relient l'Ecosse aux Cornouailles. Pour la DB, ce sera une position idéale pour réaliser son projet de faire passer des trains sous le tunnel sous la Manche. Mais Arriva est, plus généralement, un nouveau pas dans l'internationalisation du groupe allemand, qui doit faire face à une compétition de plus en plus dure sur les lignes régionales allemandes. L'entreprise britannique, qui a réalisé en 2009 un chiffre d'affaires de 3,15 milliards de livres (environ 3,52 milliards d'euros) et emploie 44.000 personnes, est présente dans 11 pays en dehors du Royaume-Uni, notamment en Italie, en Pologne, en Suède et en Allemagne, où elle gère des lignes locales dans plusieurs Länder. Il y a d'ailleurs fort à parier que les autorités de la concurrence obligent la Bahn à céder, une fois l'OPA réalisée, ces lignes allemandes. Mais il paraît désormais évident que la priorité de Rüdiger Grube est le développement international de son groupe. La semaine prochaine, il pourrait ainsi signer d'importants contrats pour des projets dans le Golfe persique. Reste la question du coût de cette politique. Jeudi prochain, la DB présentera ses résultats 2009 et son président devra préciser si l'objectif de réduction de la dette tient toujours en cas de rachat d'Arriva. Romaric Godin, à Francfort
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