Medvedev joue l'ouverture pour attirer les nouvelles technologies

La Russie a enfilé un masque tout sourire cette année pour la 14e édition du Forum international économique de Saint-Pétersbourg. A cette fin, Dmitri Medvedev a tenu vendredi un discours aux accents lyriques : « La Russie doit devenir un pays attrayant, vers lequel les gens du monde entier se pressent pour réaliser leurs rêves. Ceci est le but de notre modernisation. » Baisse des impôtsLe président a listé une série de mesures concrètes pour égayer le parterre d'investisseurs étrangers venus l'écouter. Il prône une baisse des impôts pour les entreprises, une inflation maintenue sous les 9 % par an (alors qu'elle est à deux chiffres depuis dix ans), la simplification des procédures bureaucratiques pour les hommes d'affaires et l'entrée du pays dans l'OMC et l'OCDE (candidatures qui piétinent depuis une éternité). Il entend également poursuivre les privatisations et réduire le nombre de « sociétés stratégiques » fermées aux capitaux étrangers de 208 à 41.Dmitri Medvedev veut convaincre que « dans les décennies à venir, la Russie doit devenir un pays où le bien-être et le haut niveau de vie des citoyens seront atteints, pas tant grâce aux matières premières qu'aux ressources de l'innovation ». Tout reste à faire, alors que les matières premières pèsent pour trois quarts des recettes budgétaires. Rubis sur l'ongleNicolas Sarkozy, qui participe ce samedi au forum de Saint-Pétersbourg, entend exporter des technologies françaises vers un pays prêt à payer rubis sur l'ongle. Cela passe par l'automobile (Renault et PSA), le nucléaire (EDF avec Rosatom), les hydrocarbures (Total et Gaz de France) et jusqu'au militaire, avec la vente probable de quatre navires de projection « Mistral ». Le président et les industriels français fondent beaucoup d'espoir sur un marché de 143 millions d'habitants en rapide redressement. La croissance russe cette année devrait atteindre 4,5 % selon la Banque mondiale. « Les contrats signés à Saint-Pétersbourg entre entreprises françaises et russes devraient porter sur plusieurs milliards d'euros », affirmait il y a peu Arkadi Dvorkovitch, le principal conseiller économique du président Dmitri Medvedev. Le forum de Saint-Pétersbourg pourrait notamment déboucher sur la signature d'un « Memorandum of Understanding (MOU) pour l'extension de capacité de productions d'entreprises pharmaceutiques françaises en Russie ». Le vice-ministre de l'Industrie et du Commerce, Andreï Dementiev, indiquait pour sa part que l'acquisition par Sanofi d'une usine à Aurel n'était qu'un « premier pas » et que Servier, qui dispose d'une usine de production dans la banlieue de Moscou, avait l'intention de « s'étendre ». Courtiser les investisseursLes orientations de Dmitri Medvedev tranchent sur celles de son prédécesseur, dont l'objectif avoué était de faire de la Russie une « superpuissance de l'énergie ». Cette année, Vladimir Poutine n'est pas venu gâter l'ambiance du forum par des discours fracassants. L'an dernier, il avait volé la vedette à son président en humiliant publiquement un oligarque dans une mise en scène démagogique soignée. Il avait aussi pris le contre-pied de Dmitri Medvedev à quelques heures d'intervalle en annonçant que la Russie n'entrerait dans l'OMC que de concert avec ses alliés du Kazakhstan et de la Biélorussie. Manière de torpiller la candidature russe, sur laquelle il est toutefois revenu. Vladimir Poutine laisse donc son président courtiser les investisseurs, mais nul doute qu'il a encore les moyens de tirer la couverture à lui.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.