Réforme des études de médecine : c'est parti

Filière universitaire sélective par excellence, les études de médecine vont évoluer à la rentrée 2010 avec la réforme de la première année ("La Tribune" du 11 janvier 2010). L'idée ? Aménager des voies de sorties aux 85% d'étudiants (soit 42.500) qui échouent chaque année au concours de fin de première année de médecine et aux 70% qui sont refoulés à l'issue de celle de pharmacie. Un véritable « gâchis humain », cause de « vocations brisées », a convenu, jeudi, Valérie Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, en rappelant les grandes lignes de la réforme devant les présidents d'universités et doyens de facultés de médecine.RévolutionBaptisée « Paces » (Première année commune des études de santé), après avoir un temps été appelée « L1 Santé », cette première année sera désormais commune aux formations en médecine, pharmacie, dentaire (pour lesquelles existait un concours unique auparavant) et sage-femme. A son issue, les étudiants pourront choisir le ou les concours qu'ils veulent passer. Point clé de cette réforme, les réorientations seront possibles entre ces quatre spécialités, y compris plus tard, si un étudiant reçu à plusieurs concours en fin de première année veut exercer par la suite un « droit de remords ». Quant aux étudiants en échec dès la fin du premier semestre, ils pourront bénéficier de passerelles dans d'autres disciplines, scientifiques ou non, à partir de la rentrée 2012. Ceux trop mal placés à l'issue du concours n'auront plus le droit de redoubler.Une petite révolution, complexe et difficile à mettre en place, de l'aveu même de Patrice Deteix, président de la conférence des doyens des facultés de médecine. La liste des obstacles est longue : certaines universités d'abritent pas les quatre filières et doivent composer avec leurs voisines ; les départements de sciences rechignent parfois à accueillir les étudiants qui n'ont pas le niveau en PACES en cas de réorientations précoces ou de redoublement différé (possibilité de passer le concours 18 mois plus tard après une remise à niveau en filière scientifique) ; quant aux étudiants définitivement réorientés, il faut pouvoir les accueillir dans d'autres disciplines avec des remises à niveau.Groupe de travail sur les réorientationsBref, des changements de fond lourds pour des universités déjà confrontées à de multiples échéances (autonomie, opération campus, fusion, grand emprunt...). Chloé Loyez, présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), estime d'ailleurs que toutes les universités ne jouent pas le jeu : « Avec l'autonomie, nombre de points sont sous leur responsabilité comme les coefficients des différentes filières ou les modalités de réorientation. Faute de temps, certaines appliqueront la réforme a minima ».Yvon Berland, président de la commission santé de la conférence des présidents d'université (CPU) se veut au contraire très rassurant : « D'après l'inventaire effectué par la CPU, toutes les universités sont en ordre de marche pour la rentrée. Le report d'un an de la réforme par le Sénat [ndlr : voté en février 2009, la loi aurait dû s'appliquer à la rentrée 2009] a permis à tout le monde de s'organiser. » La CPU et les doyens de facultés de médecine vont cependant mettre en place en septembre avec l'Anemf une commission afin de préciser certaines modalités de réorientation en s'appuyant notamment sur les initiatives locales les plus avancées (Paris VI, Bordeaux, Grenoble...). A plus long terme, ce sont l'examen d'entrée et le cursus en troisième cycle de médecine qui pourraient être revus.
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